Gaijin Café

Gaijin Café #47 - Comment j'ai trouvé du travail au Japon, la revanche

samedi 1 avril 2017

Aujourd’hui, et pour le retour du Gaijin Cafe après un long sommeil, j’ai décidé de faire écho à un article d’Amélie Marie pour le Shojo Kissa. Elle y racontait comment elle avait décroché son emploi au Japon et une partie de son parcours. Amélie Marie et moi n’avons pas vraiment le même parcours ni le même type d’emploi et j’ai pensé qu’il pourrait être intéressant d’apporter un éclairage différent à la question.

Je sais que je veux tenter l’expérience Japon depuis des années. Durant mes études de japonais, j’avais déjà cette idée en tête mais un premier voyage m’a vite décidé à tenter ma chance pour au moins vivre cette expérience une fois. Quelques mois de travail en France, mes diplômes en poche, je suis arrivée ici en vacances-travail il y a 3 ans. Un an d’expérience dans un environnement franco-japonais, une autre année de japonais à temps-plein pour prétendre à travailler dans un environnement japonais et j’ai tenté la recherche d’emploi au Japon dès ma fin d’études en juin, en août je signais mon CDI et je changeais de visa.

Une façon différente de voir l'emploi

En France, je suis diplômée en relations internationales et en management de projets, en conséquence et de manière assez évidente, j’ai voulu chercher dans ce domaine : faire du management de projet dans une entreprise en lien avec d’autres pays. Première constatation, peu sont les situations où on m’a aiguillée vers un type de travail plutôt que vers un domaine en particulier. Systématiquement, on me demandait quelle était l’industrie pour laquelle je souhaitais travailler et non pas quel était le poste qui m’intéressait. Et outre l’industrie, il est arrivé que l’on me demande de donner cash le nom des entreprises qui m’intéressaient.

Dans la façon de travailler de voir sa carrière au Japon, on pense plus à long-terme, à très long-terme. On rentre en bas de l’échelle et on grimpe petit à petit (la fameuse augmentation systématique pour peu que l’on soit un assidu membre des nomikai). Ainsi, on choisit une industrie qui nous plaît et rouler jeunesse, on sert le café et on remplit des tableaux Excel avant d’apprendre sur le tas et d’évoluer vers le poste qui pourrait nous convenir. Nombre de mes collègues et amis japonais sont ainsi issus de spécialités qui n’ont rien à voir avec leur métier actuel. On apprend à ne plus se faire surprendre par une Manager de Projets dont le diplôme est intitulé “Linguistique anglaise”.

Et de chercher un emploi

Forcément, si vous envisagez un emploi à vie à la sortie de l’université où vous allez tout apprendre sur le tas, vous ne cherchez pas un emploi de la même façon. Nous en reparlerons plus en détails plus tard dans le Gaijin Cafe mais le fer de lance des étudiants en recherche d’emploi, ce sont les séminaires de recrutements. Annuellement, avec pour objectif de vous recruter en avril, les entreprises organisent des séminaires de présentation à destination des étudiants en dernière année des universités ou elles se présentent, expliquent les postes disponibles et prennent un premier contact avec vous. Si elle vous plait vous pourrez participer aux entretiens de groupes et divers tests d’écritures ou de personnalités qu’elle propose pour choisir sa nouvelle cuvée printanière.

Chercher en dehors de ce circuit est encore assez marginal et beaucoup moins fluide. Durant ma recherche d’emploi (complètement en dehors de cet emploi du temps), j’ai fait face à plusieurs problèmes liés à cette mécanique bien huilée : le cul entre deux chaises d’abord (pas fraichement diplômée mais pas assez d’expérience pour prétendre aux emplois de “mi-carrières”) et quelquefois, j’ai fait face à des entreprises qui ne recrutaient pas en dehors de ces séminaires. Je me suis rapidement tournée vers une étape presque essentielle pour les étrangers en recherche d’emploi au Japon : les cabinets de recrutements.

Pour autant, et même si ces derniers m’ont proposé de nombreuses offres, ce n’est pas grâce à eux que j’ai trouvé mon emploi actuel. Pour commencer, ils me proposaient presque systématiquement des salaires de sortie d’université, aucune entreprise qui passait par ses cabinets ne prenaient en compte mon expérience passée. La plupart des offres étaient d’ailleurs “en bas de l’échelle” et avec très peu de lien avec mon profil. Toujours en contact avec ces cabinets, j’ai continué ma recherche de mon côté notamment en postulant directement sur les sites des entreprises.

Ne pas oublier ses atouts

Presque naturels. Si vous êtes au Japon, vous baragouinez au moins le français et l’anglais. Ce dernier devient petit à petit vital avec l’arrivée des Jeux Olympiques et une politique d’ouverture sur l’étranger de plus en plus marquée surtout dans le domaine du tourisme. Les emplois d’enseignants en anglais voire en français existent toujours même s’ils sont peut-être un peu moins faciles à obtenir pour nous francophones (l’anglais langue natale est souvent de mise, quel que soit votre niveau dans la langue de Shakespeare). Le tourisme ou la traduction ont et auront toujours besoin de main d’œuvre bi ou trilingue. J’ai été surprise par le nombre de demandes en traduction japonais→français qui m’ont été proposées pendant ma recherche.

Je cherchais néanmoins un emploi dans mon domaine, et même si quelques-unes de ces offres étaient intéressantes j’ai continué à postuler dans les entreprises qui m’avaient sauté aux yeux. En août, j’ai décroché un entretien pour l’entreprise dans laquelle je suis actuellement salariée, CV japonais en poche et tenue de rigueur malgré la chaleur étouffante j’ai passé mon entretien avant de commencer en septembre.

Provoquer les opportunités, et les saisir

Le japonais des affaires, ce n’est pas le japonais de tous les jours. C’est du keigo a la pelle, du vocabulaire spécifique pas forcement appris auparavant et des comportements à intégrer. Passer par les cabinets de recrutements, c’était aussi m’assurer que les entreprises auxquelles on transmettait mon CV cherchaient des étrangers et savaient en théorie à quoi s’attendre. Mais la meilleure offre et dans un domaine qui me plaisait m’est parvenue par une candidature directe auprès d’une entreprise : ils ouvraient un bureau à New York avant la fin de l’année et avaient besoin de renforcer leur staff parlant anglais et japonais. Un coup de chance ?

Quand je regarde la plupart de mes amis étrangers travaillant au Japon, on pourrait qualifier la façon dont ils ont trouvé un emploi de “coup de chance”, “heureux hasard” ou “culot”. Les relations, les amis d’amis, les réseaux sont je pense autant d’opportunités qu’il faut apprendre à saisir lorsque l’on recherche un emploi au Japon. Sauf rare cas, nous ne sommes pas dans le “circuit” et dans un pays où tout est codifié, il est difficile de s’y insérer naturellement d’autant que pour beaucoup d’entre nous, nous sortons du lot.

En somme, comment ai-je trouvé un emploi au Japon ? J’ai gardé les yeux ouverts et j’ai pris mon courage à deux mains pour aller au-delà de ce dont je me pensais capable. Il ne faut pas avoir peur du ridicule et garder en tête que certes, travailler dans des environnements 100% japonais si nous ne sommes pas natifs n’est pas forcément facile pour tout le monde, mais que nous portons souvent avec nous des atouts qu’il faut savoir mettre en avant. Et ne pas hésiter à postuler même si vous vous pensez hors concours. On ne sait jamais.

  • publié le samedi 1 avril 2017, 10:00 (JST)
    Dernière modification le jeudi 12 janvier 2023, 2:09 (JST)
    Cet article a été publié il y a plus de 365 jours. Les informations présentées peuvent ne plus être pertinentes.
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