Gaijin Café #39 - Visiter le Japon du quotidien
Le tourisme de manière générale a beaucoup évolué ces dernières années, et les envies de découvertes du patrimoine cohabitent désormais avec une envie plus simple : découvrir comment vivent les habitants du pays visité. Pour beaucoup, c'est la différence qui passionne et qui interpelle, c'est elle qui nous intéresse et que nous voulons découvrir mais c'est souvent difficile en tant que touriste dans un pays où souvent on ne comprend pas la langue.
J’entends souvent parmi les gens qui viennent au Japon des phrases telles que "Je veux sortir des sentiers battus", sous-entendu, je ne veux pas faire ce que tous les touristes font. Mais comment outrepasser notre condition de touriste pour découvrir ce Japon ?
Sortir de sa zone de confort
"On n'a rien sans rien". Vouloir visiter le Japon du quotidien ne se fera pas sans effort ! Il vous faudra donc apprendre à faire fi de vos "problèmes" en japonais, vos impairs sociaux et vos références. Pour l’expérience la plus locale possible, il ne faudra pas hésiter à rentrer dans un restaurant où tout est en japonais, où il n'y a pas de représentations des plats en cire voire même pas d'images sur les menus. Les restaurants traditionnels nippons ont souvent pour seul menu une feuille où se battent des kanjis (même pour les prix, et dans ce cas il vaudrait mieux avoir quelques notions pour éviter les déconvenues très désagréables pour le portefeuille).
De même, avoir un restaurant qu'on considérerait comme "sale" ailleurs peut-être ici un très bon signe. Pour preuve, le meilleur ramen de ma ville est un tout petit magasin, où le sol noir colle aux chaussures, l'état de la cuisine en dehors des endroits de préparation est également étonnement gras. De temps en temps, le restaurant ferme pour se refaire une beauté mais le reste du temps, cet état de fait ne repousse pas les clients bien au contraire, il faut s'accrocher pour avoir une place. Les règles sanitaires sont beaucoup plus souples au Japon, et je peux assurer en touchant du bois que jamais je n'ai eu de mauvaise surprise après avoir mangé dans ce genre d'endroit.
En général, et surtout à Tokyo, je fuis les endroits dont la devanture est presque intégralement en anglais voire également en chinois et en coréen. Car c'est mauvais ? Sûrement pas, plutôt car l'expérience est souvent "adaptée", édulcorée pour moins étonner les palais et est donc "différente". En général, la réputation de politesse et de sens de l'hospitalité des Japonais n'est pas un mensonge, il ne faut donc pas s'empêcher de découvrir de petits endroits qui ne payent pas de mine car ce sont souvent les meilleurs surprises d'un voyage.
Mais prendre des risques ne paye pas toujours ! Même en lisant le japonais, il m'arrive encore de commander des plats sans savoir ce que c'est et de me retrouver avec une soupe de cartilage peu ragoûtante. Pour 10 tentatives, il y en aura bien une qui ne sera pas un succès et il faut être prêt à accepter que cette fois-ci, on a joué et on a perdu. Ce qui marche pour la nourriture, marche aussi pour les visites ! Se lancer dans une ville non répertoriée dans les guides, un quartier de Tokyo excentré peut être une fantastique balade ou un simple plongeon dans le Japon qui se vit par ses habitants tous les jours. Tenter de fuir les allées fréquentées, suivez les petites rues piétonnes, les sorties de métro moins empruntées. Tous ces endroits où les touristes ne vont pas vous rapprocheront sans doute de ce Japon si particulier.
Accepter d'être "le touriste"
Je ne sais pas vous, mais moi, je n'aime pas partir en voyage et lire dans le regard des gens "Ah! Voilà la touriste". En voyage, c'est souvent à nos dépens mais nous ressemblons à des touristes que cela soit par l'attirail ou dans certaines régions juste par notre appartenance ethnique. Au Japon, on en est encore à l'association "non japonais = touriste" dans l'esprit de beaucoup de personnes mais ça n'est pas forcément une mauvaise chose, et peut-être même le contraire. Rencontrer des Japonais en tant que touriste peut vous amener à vous faire entraîner dans des lieux que vous n'auriez jamais trouvés seul. Il n'est pas si rare qu'une fois la communication établie, un local décide de vous emmener dans son restaurant préféré ou vous donner ses meilleures adresses. En général, les Japonais ne sont pas avares de vous donner des conseils surtout s'il s'agit de leur lieu d'origine.
Il ne faut pas non plus hésiter à profiter des services mis en place pour les touristes. Les employés travaillant dans le domaine touristique sont souvent plus prompts à parler anglais voire français (ça nous est arrivé à Nara par exemple), les adresses données sont en général des très bon plans (à Nikkō, on nous a renseigné sur un restaurant de yuba abordable et délicieux). Ces conseils donnés de visu sont souvent aussi plus authentiques et plus à jour que n'importe quel guide papier. N'oubliez pas les offres réservés aux touristes qui peuvent dépanner : wifi gratuit, applications mises à disposition par le gouvernement (allergies, idées de shopping,...), et cætera.
Mais est-ce qu'il faut vraiment sortir des sentiers battus ?
Dans une ville aussi immense et tentaculaire que Tokyo et ses 13 millions d'habitants intra-muros, sortir des sentiers battus semble compliqué. Des petites perles absolument vides de touristes existent encore, et sont découvertes petit à petit mais découvrir un pays, est-ce vraiment faire la course à qui va dans le plus de lieux inconnus du grand public ? Visiter le Japon sans jamais passer par Tokyo, visiter Tokyo sans passer par Asakusa et Harajuku, c'est possible mais découvre-t-on vraiment un pays en mettant de côté ses lieux les plus visités ? Au cas où vous ne l'auriez pas saisi, je pense personnellement que non.
J'entends quelquefois "Paris, ça n'est pas la France tout comme Tokyo n'est pas le Japon" mais j'ai l'impression que les gens se méprennent sur le sens à donner à cette phrase : Paris seule, n'est pas la France. Tokyo, seule, n'est pas le Japon. Je trouverais personnellement dommage de négliger le patrimoine culturel incroyable que peuvent représenter les lieux mythiques de la capitale japonaise. D'autant que si vous êtes déjà venus à Tokyo, vous aurez vite constaté que dans ces lieux mentionnés, ce sont souvent les locaux qui surpassent les touristes en nombre. Fréquenter d'autres touristes ne vous empêche pas de vivre "le Japon quotidien".
Édito
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