
「アカシア[acacia]」
アカシア[acacia], de Yumi Matsutōya
En janvier 2024, le Japon est secoué par le violent séisme de la péninsule de Noto. Pour Yumi Matsutoya, l'onde de choc est intime. L'icône de la "New Music" considère depuis toujours la préfecture d'Ishikawa comme sa "seconde maison". Sa réponse à la tragédie ne sera pas le silence, mais une chanson.
Quelques mois plus tard, Yuming annonce la sortie d'un single caritatif. Elle ne choisit pas une nouvelle composition, mais une pièce maîtresse de son répertoire, vieille de plus de vingt ans : « Acacia » [アカシア].
Ce geste est tout sauf un hasard. C'est une boucle symbolique qui se referme.
Pour comprendre la puissance de cette réédition, dont l'intégralité des bénéfices est reversée aux victimes, il faut remonter à 2001. Yumi Matsutoya sort alors son 31e album, qui porte ce même nom. La chanson "Acacia" en est le cœur.
Cette image de beauté éphémère sert de décor au thème profond de la chanson. Les paroles évoquent un voyage, à la fois physique dans cette "ville inconnue" où tombent les fleurs d'acacia, et intérieur, vers un avenir incertain. C'est une chanson mélancolique sur le doute et la recherche d'une certitude, d'un "seul repère" (tatta hitotsu no michishirube) dans un "futur invisible". Le geste de presser une fleur d'acacia dans un livre de poésie, mentionné dans les paroles, symbolise cet espoir que l'on préserve en attendant des jours meilleurs.
En 2024, cette chanson née de la beauté d'Ishikawa revient pour aider à panser les plaies de cette même terre.
L'ode personnelle à la contemplation est devenue un hymne collectif à la résilience. Preuve que la musique de Yuming ne cesse de vivre avec son temps, le single est accompagné d'une face B pour le moins surprenante : un remix techno de son classique « Haru yo, Koi » par Nina Kraviz.
Yumi "Yuming" Matsutoya (松任谷 由実) est une figure monumentale, souvent considérée comme la marraine de la J-Pop pour son rôle fondateur dans le paysage musical moderne du Japon. Faisant ses débuts en 1972 sous le nom de Yumi Arai, elle est devenue la pionnière du mouvement "New Music", un genre sophistiqué mêlant pop occidentale, jazz et folk. Rare artiste de l'époque à écrire et composer l'intégralité de ses œuvres, elle s'est distinguée par ses textes d'une grande maturité poétique, transformant les scènes du quotidien, la nostalgie urbaine et les changements de saisons en véritables moments cinématographiques, faisant d'elle la conteuse de la vie japonaise.
Son influence est colossale et transgénérationnelle. Yuming détient des records de ventes (plus de 40 millions d'albums) et demeure la seule artiste japonaise à avoir classé un album numéro 1 durant cinq décennies consécutives. Son œuvre imprègne la culture populaire, que ce soit par des hymnes saisonniers incontournables comme « Koibito ga Santa Claus » (Noël) et « Haru yo, Koi » (Printemps), ou par ses contributions cultes aux films du Studio Ghibli, notamment Kiki la petite sorcière (« Rouge no Dengon ») et Le Vent se lève (« Hikōkigumo »).

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