Le Japon est un pays de mer, et de montagnes. A l'image de la Suisse, l'ensemble de son territoire est fait d'un relief accidenté qui rend les déplacements parfois longs et fastidieux, notamment en voiture. Le revers de la médaille, c'est qu'aucune montagne ne ressemble à une autre. A l'inverse de la mer qui lorsqu'on la regarde est toujours plate, les paysages japonais varient selon les régions et les pentes douces ou abruptes de leurs collines et volcans.
Au centre du Japon, la chaine des Alpes n'a pas le prestige et la notoriété des européennes et pourtant on y skie l'hiver, on s'y promène l'été, et de plus en plus de visiteurs du monde entier s'y arrêtent volontiers quelques jours entre leur passage à Kyoto et Tokyo. A mi-chemin entre l'ancienne capitale impériale et l'actuelle, la région d'Hida dans la préfecture de Gifu est sans doute la plus touristique. Des villes comme Takayama et le célèbre village de Shirakawa-go sont depuis quelques années mises en avant par les autorités locales et les agences de voyage qui voient en elles un Japon authentique qui se donne du mal pour accueillir dans les meilleures conditions voyageurs japonais et étrangers.
En de début d'hiver, nous nous sommes rendus trois jours et deux nuits dans ces vallées étroites aux allures de bout du monde. On y pénètre par l'intermédiaire d'un petit train tortueux qui longe de splendides gorges ardéchoises. A mesure que l'on s'enfonce dans les terres, on se met à croire que l'on arrive dans un nouvel espace-temps où des samouraïs en armure vont monter à bord pour contrôler nos tickets. Un véritable voyage dans le temps que l'on va débuter par le sud et la ville de Gero, célèbre pour ses eaux, et que l'on terminera au nord vers Toyama.
Durant ces trois jours, nous allons marcher, manger, prendre des bains, visiter des temples, des maisons traditionnelles, et aller å la rencontre d'une population aux antipodes de celles des grandes villes. Des personnes d'une simplicité rare à la qualité d'accueil exceptionnelle.
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11:30
Gero
Gero est depuis des siècles connue dans tout le pays pour abriter des sources d'eau chaude d'une pureté exceptionnelle. La cité fait d'ailleurs partie des 3 onsens les plus réputés du Japon. Nous sommes allés visiter cette petite ville pour nous rendre compte des bienfaits de ses eaux sur la peau et également pour déguster quelques-uns des plus célèbres saké, l'une des autres fiertés de la région.
12:00
Déjeuner
Notre séjour débute par un déjeuner dans ce qu'on appellerait chez nous une gargote mais qui est en réalité bien plus que ça car c'est exactement ce type de restaurant qui reflète l'âme d'un village ou d'une ville. Une ambiance complètement surannée et une cuisine du terroir qui donnent le la de ce qui nous attend par la suite.
L’établissement en question est tenu par un couple depuis plus de quarante ans et on pense que la décoration n’a pas changé depuis le jour de son inauguration. La spécialité, une poêlée de poulet aux légumes accompagnée, cela va sans dire, de riz blanc et d’une soupe miso. Niveau quantité, on est plus proche de la portion sumo que du plat diététique, mais il faut bien ça pour endurer le froid qu’il fait dehors et le long hiver qui s’annonce.
Comme on peut le voir sur ces photos, la salle de restaurant est divisée en deux espaces, l’un avec des chaises, l’autre avec des tatamis. Si le côté expérience tatami vous amuse, sachez qu’il est tout de même beaucoup, mais alors beaucoup plus confortable de s’assoir sur une chaise pour déjeuner.
14:00
Promenade au temple du onsen
La ville peut se targuer de figurer parmi les 3 plus célèbres sources du pays (日本三名泉, Nihon Sanmeisen). Ses exceptionnelles eaux alcalines aussi revigorantes qu'un soin esthétique pour le visage (c'est ce que dit la brochure touristique) ont en fait une destination privilégiée des amateurs de bains, et ils sont très nombreux au Japon.
Ici, tout rappelle les onsens. Même le grand temple qui surplombe la cité s'appelle Onsenji.
Il faut pour accéder au temple s’armer de courage et gravir quelques escaliers. Rien de bien méchant en soi, surtout si on compare aux interminables marches du Kompirasan à Shikoku (revoir notre reportage)
En son enceinte, le Onsenji est assez classique avec divers bâtiments à l’architecture caractéristique et une très jolie cloche à flanc de montagne, le tout remarquablement servi par un panorama sur le centre de la bourgade.
15:00
Kaeru-jinja, le temple de la grenouille
Gero, c'est aussi la ville de la grenouille. Cette appellation provient de son nom. En japonais "gero" représente le coassement de la grenouille. La ville joue depuis longtemps sur ce jeu de mots et le petit batracien se retrouve à tous les coins de rue, sur les plaques d'égouts ou même assis sur les bancs.
Mieux encore, parmi les lieux insolites de Gero, il y a le Kaeru-jinja, le temple de la grenouille. Là aussi, l’explication d’un jeu de mots est nécessaire pour comprendre le caractère décalé de l’endroit. En japonais « kaeru » signifie grenouille mais egalement revenir. En faisant une prière au temple de la grenouille, on s’assure donc de pouvoir revenir profiter des eaux de Gero mais on espère aussi que d’autres choses positives vont revenir comme la santé, l’amour ou l’argent.
La grenouille est absolument partout dans le temple. Sur le bassin, les lampadaires, les ema (planchettes en bois sur lesquelles on écrit une prière), impossible de passer à côté. C’est le petit plus kawaii de la ville.
15:30
Promenade en ville
Le centre de Gero n'est pas très grand et se visite facilement à pied. Situé de part et d'autre de la rivière Hida, il abrite de nombreuses boutiques et hôtels, là même où il est le plus agréable de profiter des bains.
Dans le coeur même de la ville, de nombreux bains de pieds sont accessibles à toute heure du jour et de la nuit et cela gratuitement. L’eau, très chaude, suffit à réchauffer tout le corps quand bien même elle arrive à peine au-dessus des chevilles.
Comprenez-bien qu’à l’image de Beppu, Gero est, à plus petite échelle, un Disneyland des onsens. Adultes comme enfants y viennent dans ce seul et unique but, se détendre dans un hôtel confortable et passez d’un bain à l’autre.
A l’inverse des stations thermales en France qui ont l’image de repaire de personnes âgées en cure pour soigner leur rhumatisme, au Japon et à Gero en particulier, on profite des eaux dans des hôtels ou des auberges de luxe à tout âge, entre amis ou en famille. Des séances de relaxation entrecoupées de menus gastronomiques à base de boeuf de Hida, une viande réputée de la région dont on reparlera.
Toute une gamme de produits dérivés à été développée au fil des ans. Comme Vittel ou Evian, Gero propose son brumisateur d’eau thermale ou ses crèmes aux vertus miraculeuses…
Naturellement, l’hiver est une saison idéale pour profiter des bains, moins pour flâner dans les rues et profiter des boutiques. Cependant, passer une nuit ici ne sera pas un luxe si vous souhaitez faire une pause dans votre voyage à cent à l’heure autour du Japon.
16h30
Onsen à emporter
Quand on vous dit que les onsens font partie du quotidien des habitants de Gero, c’est un euphémisme. Dans un pays où il est de coutume de prendre un bain tous les jours, la population locale a créé une station-onsen où l’on peut venir, moyennant 200 yens (1,50 euro), remplir sa citerne de 50 litres d’eau thermale pour les déverser dans sa baignoire et ainsi profiter chez soi de tous les bienfaits d’une eau qui attire des générations de Japonais depuis des siècles.
17:30
Détente à l'hôtel
Pour cette nuit à Gero, nous avons choisi l'auberge Suihouen, l'une des plus élégantes de la ville.
Suihouen est un ryokan, c’est à dire une auberge traditionnelle japonaise. Comme il est de coutume en pareil lieu, on paye la nuitée par personne et non par chambre, et pour cause, le prix inclut également le dîner et le petit-dejeuner. Il faut tout de même débourser environ 20,000 yens par personne pour une nuit dans une chambre avec tatami et futon. Une somme qui correspond à 150 euros et qui peut paraitre rédhibitoire mais qui est largement amortie par la qualité des repas servis et par l’auberge en elle-même, très confortable et équipée de bains intérieurs et extérieurs.
Les bains sont ouverts toute la nuit. Nous avons testé celui sur le toit de l’immeuble. Sur les coups de 18h, le thermomètre affichait -2 degrés. Une température difficile quand on doit se mettre nu. Mais l’appel du bain était trop fort pour résister. L’eau excessivement chaude couplée au vent glacial qui souffle dans la vallée est un véritable délice pour les sens et pour la peau. On en ressort relaxé et entouré d’un sentiment de plénitude qui ne saura trouver son égal que dans le repas prévu à 19 heures.
19:00
Festin
Un dîner dans une auberge, c'est toujours une expérience. Ici, pas de buffet ni de carte où l'on peut choisir parmi plusieurs plats, mais un menu unique préparé sur place. Généralement, ce dernier change une fois par mois et reste dans la pure tradition du kaiseki, cet ensemble de petits plats raffinés typiques de la cuisine haut de gamme japonaise.
Ce soir, ce ne sont pas moins de 14 plats qui vont se succéder avec pêlemêle des sashimi, du poisson grillé, de la viande de bœuf, des soupes et un dessert. Un véritable festin qui peut paraître un brin excessif mais qui se révèle très digeste, les quantités étant réduites et parfaitement adaptées à un repas de fin de journée.
Assurément, la cuisine kaiseki, c’est une expérience à vivre. Toujours étonnante, souvent déroutante, il faudra faire fi de vos préjugés pour l’apprécier et accepter de manger des choses dont on ignore tout, de l’aspect au goût. A chaque bouchée, c’est un peu la loterie, mais une loterie d’où l’on ressort toujours gagnant en découverte.
L’expérience kaiseki, c’est aussi un decorum, une ambiance. Dans l’auberge Suihouen comme dans l’ensemble des ryokan japonais, les repas sont servis soit dans la chambre, soit dans des salles privatives situées dans les parties communes. Pour cette occasion, je suis accompagné de Monsieur Nishimura, un haut responsable de la mairie de Gero, ainsi que de Monsieur Uenoda, 9e génération de la famille du même nom qui produit le prestigieux saké Tenryou.
Depuis quelques temps, les organismes en charge de la promotion du saké ont un nouvel objectif, investir le marché européen. Il est vrai qu’il y a à faire, tant l’alcool japonais est absent de nos tables et des rayons de nos magasins. A l’image du vin en France, au Japon, le nihonshu se boit à table, avant, pendant et après les repas. Il peut se consommer frais, à température ambiante, ou même chaud. Les bouteilles apportées par Monsieur Uenoda comptent parmi les meilleures de la région et l’association qu’elles vont faire avec les plats délicats qui seront servis va se révéler étonnement savoureuse.
Une belle table, une ambiance feutrée, une bonne compagnie (M.Nishimura, M.Uenoda et moi-mème étant nés la même année), du saké de grande qualité, il ne manque plus qu’une bonne viande pour rendre ce dîner inoubliable.
La région historique de la ville de Gero, Hida, est réputée depuis quelques décennies pour sa viande de boeuf, nommée Hida-gyu. Une viande persillée comme il en existe des dizaines d’autres au Japon mais qui pour une raison inconnue est devenue célèbre, bien qu’elle n’ait pas encore la renommée internationale de celle de Kobe.
Une fois passée sur le grill, la viande reste incroyable tendre et juteuse. Tellement qu’elle fond littéralement dans la bouche.
Après deux heures à bavarder autour de mets succulents, l’heure est venue de regagner ses pénates et de se reposer en vue de la deuxième journée de notre séjour qui nous emmènera de Takayama à Hida, les grandes villes touristiques aux festivals et brasseries de saké.
Jour 2
Départ pour Takayama
C'est regonflés à bloc que l'on entame cette deuxième journée sous un ciel un peu plus clément que la veille. En roulant vers le nord de la préfecture de Gifu, le soleil perce les nuages et les paysages sont de plus en plus enneigés.
Un grand merci à M. et Mme Kamimura pour leur chaleureux accueil
10:00
Arrivée à Takayama
C’est peut-être l’information la plus insolite de ce reportage. Takayama est la plus grande ville du Japon, du moins par la superficie. Au gré de multiples fusions avec les municipalités voisines, Takayama s’est agrandie pour disposer de la superficie gigantesque de 2 178 km² (à peu près celle du département des Yvelines) ! Naturellement, la ville ne s’étend pas sur une telle zone et un très important pourcentage est occupé par les montagnes et la forêt.
Intéressons-nous donc au centre historique de la cité et commençons par son plus important sanctuaire shinto, le Sakurayama-hachimangu.
Le sanctuaire est un passage obligé pour tout visiteur à Takayama. A flanc de colline, à l’orée d’un bois, il n’a pas la majesté des grands sites comme Ise ou Kamakura, mais son caractère plus intimiste dégage une impression de sérénité et une image de carte postale du Japon qu’on adore.
Les origines du Sanctuaire Sakurayama Hachimangu remontent à l’époque de l’empereur Nintoku (413 – 439), lorsqu’il demanda au prince Takefurukuma-no-mikoto d’anéantir le monstre Ryoumen Sukuna, une bête incroyable avec 2 têtes, 4 bras et 4 pattes.
Avant d’entreprendre sa tâche, le guerrier a consacré son père, l’empereur Ojin, comme la divinité de ce sanctuaire, et a prié pour le succès de sa mission.
En 1683, grâce aux dons du seigneur Kanamori, le sanctuaire fut agrandi et établi officiellement pour la protection de la ville.
Aux abords du lieu sacré entre les deux torii monumentaux, et comme il est de coutume au Japon, une large allée abrite boutiques d’artisanats et de souvenirs ainsi que des restaurants.
11:00
Musée du festival de Takayama
A gauche des escaliers menant au sanctuaire se trouve le Takayama Yatai Taikan, un musée consacré au festival majeur de la région, la bien nommé Takayama Matsuri. Au printemps (14/15 avril) et en automne (9/10 octobre), 11 magnifiques chars défilent dans les rues au son des tambours et des flûtes, le tout dans une ambiance de fête extraordinaire. Le petit musée du sanctuaire propose aux curieux qui n'auraient pas la chance de se trouver à Takayama durant les festivals de voir quelques-uns de ces chars. Une découverte très interessante qui se conclut par le visionnage d'un film documentaire sur ces fameux événements.
Le Takayama Matsuri est considéré comme l’un des trois plus beaux festivals au Japon (avec le Chichibu Matsuri dans la préfecture de Saitama et le Gion Matsuri à Kyoto.) On estime que sa première édition s’est tenue il y a 350 ans comme une simple cérémonie de village. Puisque Takayama est au centre de la région historique d’Hida, célèbre pour sa production de bois, la ville a grandi comme un centre de distribution important pour la région, attirant un grand nombre de brasseurs de saké, marchands de tissus, travailleurs du bois et autres artisans. Grâce à l’appui de ces riches marchands et à la fierté du travail de haute qualité des artisans, les chars devinrent de plus en plus magnifiques grâce à la concurrence développée entre les différents quartiers de la ville.
12:00
Déjeuner
Amateurs de viande, vous rêvez sans doute de déguster au moins une fois dans votre vie du boeuf de Kobe, et vous avez raison, elle est délicieuse. Mais qu'est-ce qui, au juste, différencie la viande de Kobe de celle de Tottori, Akita ou Hida ? Le marketing sans doute.
La viande de Hida (le nom de la région historique de Takayama) est tout aussi savoureuse et persillée que sa célèbre homologue du Kansai. Seulement pour l'heure, et comme on l'a déjà évoqué lors de notre dîner de la veille, elle n'a pas sa notoriété et les grands chefs du monde entier ne s'y sont pas encore intéressés. Qu'à cela ne tienne, cela permet encore d'en manger à des prix raisonnables comme ici dans ce restaurant du centre-ville.
La viande est prédécoupée en petits morceaux qu’il convient de faire cuire soi-même sur un grill individuel placé sur la table. Plusieurs menus sont disponibles selon la quantité de viande souhaitée.
Après cette première pause, il est temps de repartir cette fois à la (re)découverte de Takayama, de son centre historique et de ses trésors nombreux temples.
13:00
Promenade dans Takayama
Depuis une dizaine d'années, la ville a vu son nombre de touristes étrangers exploser. C'est le fruit d'un long travail des équipes tourisme de la mairie qui ont fait de Takayama, d'un côté, la porte d'entrée des Alpes japonaises (et de Shirakawa-go) et d'un autre, le témoin d'un Japon ancestral de plus en plus rare dans les grandes métropoles du pays.
Le quartier le plus célèbre de Takayama est celui dit de la « vieille ville » et des ses maisons basses à la teinte noire caractéristique. Cette couleur noire aurait servi autrefois à dissimuler autrefois ces maisons luxueuses construites avec l’un des cinq sortes de bois de première catégorie qu’il était interdit de couper tels que le cyprès ou le cèdre. Les habitants auraient donc dissimulé ces matériaux en les recouvrant d’une couche de kaki-shibu (une teinture à base de jus de kaki) ou de suie pour éviter que des fonctionnaires ne les découvrent et les détruisent. La hauteur relativement basse des ces maisons provient du fait qu’elle ne devait pas dépasser celle du toit du Takayama Jin’ya, le bureau gouvernemental où travaillaient samouraïs et hauts dirigeants.
13:30
Higashiyama, le chemin des temples
De nombreux temples furent construits au pied de la montagne sous l'influence de la famille Kanamori qui construisit la ville et son château aujourd'hui disparu. Takayama n'est pas un endroit bruyant mais si vous recherchez le calme et le silence le plus complet, cette longue promenade du quartier d'Higashiyama vous proposera un moment de détente absolu en pleine nature au fil des temples et de leurs agréables jardins.
C’est sur les hauteurs de la cité que nous commençons cette jolie promenade. Ici, on est en ville sans en avoir réellement l’impression. Les temples se succèdent à mesure que l’on entre dans la foret et sans crier gare on est déjà seuls. Les touristes qui viennent à Takayama restent la plupart du temps dans les boutiques du centre et dans leur hôtel.
Tant mieux pour nous. On pénètre dans l’enceinte de ces bâtiments religieux, flâne dans leurs jardins et on prend le pouls d’une vie où tout semble plus calme, pesé et organisé.
On termine une longue boucle qui nous ramène au temple de ce matin et il est déjà temps pour nous de quitter Takayama et de rejoindre la ville d’Hida.
15:00
Promenade dans Hida
A 15 minutes en train de Takayama, la ville de Hida sent bon la province japonaise. Au milieu des montagnes et des rizières, elle tente de se développer au tourisme sous l'oeil bienveillant de ses prestigieux voisins Takayama et Shirakawa-go.
L'office de tourisme de la ville parle d'un paradis sur terre. Même si la saison de notre passage ne se prête pas facilement à cette comparaison, allons voir de quoi il en retourne.
Le centre de Hida est bourré de charme. Il a ce côté suranné qu’ont les villages alsaciens. Un côté village de poupées que l’on prend plaisir à explorer. Le canal Setogawa est le point d’intérêt majeur du quartier. En hiver, les carpes qui y nagent sont emmenées dans des eaux plus chaudes mais nul doute qu’aux beaux jours, leur présence rend le lieu encore plus beau qu’il ne l’est déjà. En ce jour de mi-décembre, la ville est enneigée et le mercure peine à atteindre 1 degré.
A l’inverse de Takayama, il y a peu de boutiques pour les touristes. Certains trouveront ça dommageable, d’autres non. A l’inverse, la vie à Furukawa ressemble davantage à celle d’un quartier résidentiel avec son fleuriste, son primeur et son célèbre fabricant de bougies.
Depuis un peu plus d’un an, Hida et ses alentours connaissent un regain de popularité chez les jeunes. En effet, la ville a servi de modèle pour quelques scènes du film « Kimi no na wa » (Your name), l’anime devenue 2e plus grand succès de l’histoire du cinéaste au Japon. Cette photo des voies ferrées de la gare de Hida-Furukawa est notamment l’une des plus prisées des fans.
16:30
Visite d'une usine de saké
Pour faire du bon saké (nihonshu), il faut du bon riz, de l'eau de très bonne qualité et un savoir-faire inégalable. Ça tombe bien, à Hida, on trouve ces trois ingredients. La ville compte trois brasseries historiques qui font sa fierté et nous avons eu la chance d'en visiter une. Dans les ateliers de préparation, un mélange d'odeurs de riz et d'alcool embaume les murs et nos narines. D'énormes cuves de plusieurs milliers de litres gardent précieusement le trésor qui vaut à la région une partie de sa notoriété. Un trésor très fréquemment primé lors de concours nationaux et internationaux.
18:00
Izakaya entre amis
Dans les petits villes de province encore plus qu'ailleurs, les sorties entre collègues de bureau servent à créer de solides lien d'amitié et d'entraide. Ce séjour de trois jours dans la région a été réalisé à l'initiative de la mairie d'Hida, des gens d'une gentillesse incroyable. Naturellement, lorsqu'ils m'ont proposé de les rejoindre pour diner avec eux (à 18h) dans l'un des izakaya les plus familiaux de la ville, j'ai accepté avec plaisir.
Après plusieurs bières et verres de saké, les langues se délient et les blagues fusent dans une indescriptibles ambiance de joie de vivre.
20:30
Hôtel
Notre hôtel du soir, l’hôtel Kikori, est situé au milieu d’un col. En y arrivant en pleine obscurité, on a le sentiment d’être en plein Shining. Mais il n’en est évidemment rien. L’hôtel est très confortable et dispose lui aussi de bains publics fort agréables en cette saison.
Jour 3, 09:00
Petit-déjeuner et départ pour Shirakawa-go
Le dernier jour de notre séjour dans la région d'Hida s'est levé et la météo s'annonce radieuse. Un petit-déjeuner traditionnel japonais vite avalé, une chaude tenue d'hiver sur le dos, et nous sommes partis pour une heure de route direction Shirakawa-go. La route est enneigée et l'excitation grandit à mesure que l'on se rapproche du célèbre village.
10:30
Shirakawa-go
Il y a encore moins de 30 ans, Shirakawa-go n'était qu'un village perdu au milieu des montagnes comme il en existe des centaines au Japon. Les seules personnes qu'on y croisait étaient des familles qui y vivaient depuis des générations. Et puis, l'UNESCO s'est penché sur son cas et l'a finalement intégré à son patrimoine mondial, faisant du village le plus célèbre du pays. Si de nos jours, les bus remplis de touristes étrangers ont remplacé les charrettes à bras, Shirakawa reste néanmoins l'un des endroits les plus authentiques du Japon.
Ses 4 saisons sont toutes plus belles les unes que les autres, il suffit d'entrer dans une agence de voyage pour s'en apercevoir. Le village est devenu l'un des emblèmes, et un des produits d'appel les plus forts du pays pour attirer les voyageurs du monde entier. A l'occasion de notre séjour dans la région d'Hida, nous avons eu la chance exceptionnelle de pouvoir visiter Shirakawa et ses maisons caractéristiques cette fois sous un soleil radieux et un manteau neigeux particulièrement épais pour la saison. L'occasion d'en prendre plein les yeux et de vous rapporter des photos et des souvenirs que l'on n'oubliera pas de sitôt.
Shirakawa-go est une destination qui se mérite. Difficile de venir depuis une grande ville dans la journée sans passer une nuit dans la région. A ce titre, Takayama et Hida s’avèrent de bonnes bases de départ. Il n’y a pas de gare donc la seule façon d’y arriver, c’est par la route (en voiture ou en car). Une route très particulière faite d’une série d’innombrables tunnels dont le Hida Tunnel long de 10710 mètres. Ce dernier est d’ailleurs le deuxième plus long tunnel routier du Japon.
L’un des lieux les plus prisés des touristes dans le village, c’est Shiroyama, le point de vue d’où l’on peut apercevoir l’intégralité du site et prendre de sublimes photos. En temps normal, ce promontoire est accessible à pied, au prix d’une côte assez raide, mais en cette saison neigeuse, il vous faudra sortir du village en voiture pour y arriver. En cette matinée de décembre, le ciel est d’un bleu parfait et le contraste avec le blanc de la neige rend l’ensemble d’une beauté féerique.
Dans le coeur même du village, les maisons de type gassho (toit de chaume) semblent intactes depuis leur construction il y a près de 150 ans. Elles sont en réalité le résultat d’un fastidieux travail de conservation et de restauration parfaitement maîtrisé. Les propriétaires privés gèrent directement les bâtiments individuels et tous les travaux sont contrôlés selon les dispositions des plans de préservation.
Les travaux d’entretien courants ont toujours été entrepris par les propriétaires, souvent dans le cadre d’un travail d’équipe organisé au sein de la communauté, en ayant recours à des techniques et des matériaux traditionnels. Les autorités, tant au niveau local que national, accordent une aide financière et dispensent des conseils techniques.
11:30
Visite de l'intérieur de maisons
Un nombre relativement important de maisons est ouvert au public, moyennant un droit d'entrée de quelques centaines de yens. Été comme hiver, on y fait du feu. La fumée est en effet un élément important pour conserver la chaume des toits. Dans les étages accessibles par des escaliers très raides, on peut apercevoir l'impressionnante charpente et se rendre compte qu'elle est complètement étanche.
12:00
Déjeuner
On peut s’en étonner mais à l’inverse des autres lieux très touristiques du Japon, Shirakawa-go n’a pas tout misé sur les boutiques de souvenirs. Après tout, on ne vient pas ici pour acheter des portes-clés ou des magnets. Il y a évidemment quelques échoppes et de nombreux restaurants mais ils restent dans l’état d’esprit du village, authentiques et discrets. Parmi les spécialités locales qu’il conviendra de goûter, on retrouve naturellement le bœuf d’Hida et également de délicieux ramens… au bœuf d’Hida.
13:30
Dernière promenade
Shirakawa-go est un endroit qui s'admire à chaque coin de route. Chaque angle de vue, chaque maison se prête à la photographie et avec une météo aussi parfaite, on aurait tort de se priver.
Il n’y a que quelques endroits qui méritent d’être vus au moins une fois dans sa vie au Japon. Indéniablement, Shirakawa-go en fait partie. Village de montagne, on ne saurait trop vous conseiller d’essayer de vous y rendre en hiver lorsque le bleu du ciel se marie à merveille avec le blanc de la neige. Si vous n’avez qu’une envie, vous transporter dans une carte postale du Japon, ce voyage ne vous décevra pas.
17:30
Retour à Tokyo
1h20 de route sépare Shirakawa-go de la gare de Toyama. C’est ici que nous allons reprendre le Hokuriku Shinkansen pour rentrer vers Tokyo.
2 heures et quelques durant lesquelles on ressassera tous ces souvenirs et toutes ces belles rencontres réalisés entre Gero, Takayama et Hida.
De par sa distance qui le sépare de l'Europe ou de l'Amérique, le Japon est souvent l'occasion d'un seul voyage dans la vie des touristes étrangers. Néanmoins, les récents chiffres tendent à prouver que de plus en plus de voyageurs y reviennent, convaincus par le premier passage que le pays mérite bien plus qu'un aller-retour entre Tokyo et Kyoto.
Aujourd'hui, les régions du pays entier se battent pour attirer ces amoureux du Japon et à ce petit jeu, la préfecture de Gifu tire son épingle du jeu.
Merveilleusement servie par une nature à couper le souffle, une gastronomie riche et raffinée et une population accueillante et bienveillante, il y a fort à parier qu'elle devienne rapidement un incontournable du tourisme nippon. De notre côté, il s'agissait de notre troisième passage, et même si le pays est grand et qu'il nous reste encore tant à découvrir, nous savons que nous reviendrons toujours avec autant de plaisir dans cette région aux allures de bout du monde.
Le Japon est le premier consommateur de surimi au monde
La production mondiale de surimi représente environ 48 kilos par seconde, soit 1,5 million de tonnes de surimi par an. Le Japon est de loin le premier producteur et consommateur de bâtonnets de surimi au monde.
La France est le second marché mondial de surimi après le Japon qui en consomme un demi million de tonnes.
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