Dame de la cour du milieu de l'époque de Heian (xe-xie siècle), connue pour avoir écrit l'un des monuments de la littérature japonaise le "Dit du Genji." Née en 923, disparue en 1014 ou 1025.
Critique: "Journaux de voyage", de Bashô
Verdier a eu l'excellente idée de rééditer la traduction des Journaux de Voyage de Bashô, dans la traduction de René Sieffert qui était parue chez POF en 1977, précieuse aux amateurs de littérature japonaise. Composés au fil des déplacements en ermite du maître des haïkus, dans les dix dernières années de sa vie (1684-1694), les journaux sont tous uniques, dans leurs formes et sujets. Si le style de la traduction parait de prime abord exigeant au lecteur, en favorisant notamment l’accolement des idées à l'ordre syntaxique français habituel, il s'avère au fil des pages porteur d'un souffle, d'une inspiration puissante. La présentation de René Sieffert, à une époque où le public nippophile était bien plus réduit que de nos jours, propose une excellente contextualisation des textes. Dans le même temps, la prose de Bashô remet en contexte les poèmes qu'il compose ou transcrit pour illustrer ses voyages, "comblant les trous" entre les instants captés par les poèmes. Et nous sommes emportés dans une narration brumeuse, ou limpide, selon les humeurs, périodes et voyages du poète.
Car au travers des carnets de Bashô, c'est tout un monde qui vit, et qui nous est transmis : La nature et ses cycles, les fleurs et lunaisons qui rythment les contemplations de l'auteur; les lieux, monts et temples qui l'accueillent dans ses voyages, d'un appuie-tête d'herbes à l'autre; les personnages atypiques qu'il rencontre et les compagnons de longue date qui le suivent dans ses pèlerinages; les poètes qui l'ont précédé sur ces chemins et les poètes de son temps, avec qui il entretient des correspondances fournies et dont il consigne les poèmes qui retiennent son attention; sa vie enfin, son goût de la solitude, ce qui le rend heureux de vivre en ermite (dans la retraite au bananier qui lui donna son nom de plume) ou de laisser sa demeure à d'autres en prenant la route, la douleur de se séparer de l'ami qui prend un autre chemin et le bonheur d'en retrouver un autre, l'incertitude du réel et la splendeur du monde.
Pour ma part, la lecture de cet ouvrage m'a permis de mieux comprendre l'art de Bashô et son époque. Pour autant, le sublime en est conservé, alors que dans la plus parfaite subjectivité je trouve une partie du charme du haïku dans son aspect brut et déconnecté. Et je dois avouer que depuis cette lecture, l'envie d'écrire des journaux me démange un peu.
Contenu :
- 野ざらし紀行 Nozarashi kikô, tr. Dussent blanchir mes os - Notes de voyage (1685).
- 鹿島紀行 Kashima kikô, tr. Notes d'un voyage à Kashima (1687).
- 笈の小文 Oi no kobumi, tr. Le Carnet de la hotte (1688).
- 更科紀行 // 更級紀行Sarashina kikô, tr. Notes d'un voyage à Sarashina (1688).
- 幻住庵の記 Genjû-an no ki, tr. Notes de l'ermitage de Genjû / Notes de la demeure d'illusion (1690).
- 嵯峨日記 Saga nikki, tr. Le Journal de Saga (1691).
- 奥の細道 Oku no hosomichi, tr. La Sente étroite du Bout-du-Monde (1694, publié de façon posthume en 1704)
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À la huitième lune d’automne, lorsque je quittai mon logis délabré près de la rivière, il soufflait un vent frisquet…
Ainsi commencent les notes de voyage de Bashô, composées en prose rythmée, parsemée de-ci de-là de haiku dans lesquels se cristallise une impression fugitive, longuement préparée par la description d’un paysage, par une méditation devant un vestige du passé, devant un site illustre…
Ces haiku perdraient une grande partie de leur résonance s’ils étaient détachés du texte dans lequel ils sont normalement sertis et qui les éclaire.
C’est pourquoi l’éminent connaisseur de la littérature japonaise que fut René Sieffert a construit ce recueil – qui comprend l’intégralité des sept journaux de voyages de Bashô – en respectant leur forme initiale.
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