Vous l'ignoriez peut-être mais le sport le plus populaire au Japon n'est ni le sumo ni le football mais le baseball ! La saison professionnelle s'étire d'avril à octobre où chaque équipe dispute pas moins de 146 matches. Le "classico" oppose les Tokyo Giants et les Hanshin Tigers (Kobe). Les tournois de lycéens et d'universitaires sont si prestigieux qu'ils sont diffusés sur la chaîne publique NHK.
Reiyukai, plongée au cœur d'une secte japonaise
Le rapport des Japonais avec la religion est assez complexe et particulièrement difficile à déchiffrer d’un point de vue occidental. Si le bouddhisme et le shintoïsme, qui n’est pas à proprement parlé une religion, sont les courants les plus représentés dans la population, de nouvelles religions, inspirées de ces deux-là, se sont développées en nombre au cours du 20e siècle. On les appelle les shinshūkyō, « nouvelles religions ».
DozoDomo s’est intéressé à l’une d’elles, intitulée Reiyukai, littéralement « association de l’amitié spirituelle ». En Occident, on considère ces mouvements comme sectaires mais avec un niveau de dangerosité faible.
Créé en 1920 au Japon, implanté en France en 1979, le bouddhisme Reiyukai appartient à l’école du Mahayana qui affirme que l’Éveil est accessible à tous les êtres. Pragmatique, il se définit comme enseignement bouddhiste destiné aux laïcs. Ce mouvement s’appuie essentiellement sur le Soutra du Lotus, enseignement ultime du Bouddha Shakyamuni, et notamment sur deux concepts essentiels : l’affirmation, d’une part, que tous les êtres sans distinction, peuvent suivre le chemin de l’Eveil, et l’assertion, d’autre part, que le développement du potentiel humain et spirituel de chacun repose sur des pratiques accomplies au sein de la vie quotidienne. Il invite à suivre l’exemple des bodhisattvas du Soutra du Lotus qui œuvrent pour le bonheur des êtres. (source Wikipédia)
Le « grand temple » Reiyukai est situé en plein centre de Tokyo, coincé entre plusieurs immeubles. De tous mes amis japonais résidents, personne n’en avait jamais entendu parlé. Et pourtant, le bâtiment est incroyable. Sorte de pyramide sombre construite en pleine métropole, comme déposée ici par une puissance extraterrestre, il est étonnant d’apprendre qu’il ne compte pas parmi les constructions les plus visitées par les touristes. On l’aperçoit pourtant très bien du haut de la Tokyo Tower ou de Roppongi Hills. En fait de pyramide, le bâtiment représente deux mains en position de prière dirigées vers l’avant.
Des touristes ici, vous n’en croiserez aucun ! Je me suis rendu plusieurs fois sur le site, jamais je n’ai croisé d’étrangers. Il faut dire que l’endroit paraît mystérieux et plutôt froid de l’extérieur. En ce jour d’été, personne n’entoure le temple qui semble abandonné, ce qui confère à l’endroit un caractère encore plus angoissant.
L’un des symboles, si ce n’est le plus important de cette religion est cet ensemble de deux anneaux (合掌の輪 « gassho no wa ») symbolisant eux-aussi la prière et l’union entre la paix et l’harmonie.
Le Shakaden, nom du temple, a été inauguré en 1975 après quatre ans de travaux entièrement financés par des dons privés. Ouvert tous les jours de 6h à 17h, il peut accueillir jusqu’à 3,500 personnes.
Pour accéder à l’intérieur de ce dernier, on peut soit emprunter l’un des ascenseurs tapissé de moquette rouge ou monter le grand escalier central qui mène aux portes géantes.
Au premier niveau situé sous le grand hall du temple, une salle dédiée à la communauté où parents et enfants peuvent se retrouver pour échanger et faire diverses activités.
En entrant dans la salle principale, on est frappé par plusieurs choses. L’architecture incroyable, la présence massive de marbre, la luminosité très basse, et la présence d’un drapeau japonais qui nous fait craindre immédiatement une idéologie rappelant les heures sombres du pays. Associer le drapeau d’un pays à une religion, c’est souvent l’apanage des mouvements nationalistes.
Une fois encore, j’insiste sur l’ambiance pesante qui règne ici. Les quelques fidèles présents récitent des prières au milieu de cette énorme « église » où la seule lumière naturelle provient d’un œil-de-bœuf placé au-dessus de l’autel. L’endroit nous donne l’impression d’être un refuge salutaire pour survivre à l’Apocalypse. C’est honnêtement l’endroit le plus « flippant » qu’il m’ait été donné de visiter au Japon. L’espace « communautaire » que vous reconnaissez sur la photo ci-dessous est toujours désert et en le traversant une seconde fois, je me suis cru en plein Shining. Bien que paraissant peu accueillant de prime abord, le Shakaden est ouvert à tous et aussi aux étrangers. Les quelques personnes que j’ai pu y croiser ont toutes été surprises c’est certain, mais également bienveillantes à mon égard, me proposant de l’aide pour me repérer ou pour me décrire le lieu.
En conclusion, je ne saurais que trop vous recommander la visite de cet endroit, et ce pour plusieurs raisons. La première, le site en lui même est extraordinaire. La deuxième, l’ambiance angoissante est digne des plus grands films d’anticipation ou des mangas type 20th Century Boys. Enfin, en vous rendant au Shakaden, vous aurez la satisfaction de sortir des guides de voyage traditionnels et de visiter un endroit pratiquement inconnu du grand public mais pourtant digne d’intérêt. D’autant qu’il propose des cours gratuits de japonais pour les étrangers.
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