L'anniversaire de l'Empereur le 23 février est un jour très attendu par les Japonais. Et pour cause car il s'agit de la fête nationale. Le jour est donc férié et est l'une des deux seules occasion d'entrer dans les jardins du palais de sa Majesté.
Notre critique admirative de Ranking of Kings : acclamez le roi des animés
L’histoire qui nous est conté se déroule dans le royaume de Bosse, du nom de son fondateur. Connu pour sa force herculéenne, le roi est gravement malade. Il est temps pour l'héritier désigné, son fils ainé, de prendre la relève. Mais dans un monde où les rois sont classés entre eux, le jeune prince Bojji va devoir commencer son règne tout en bas de l’échelle. Naïf, sourd et muet, d’une faiblesse telle qu’il est incapable de manier l’épée, il est la cible de toutes les moqueries, du chevalier au paysan !
S’il accède au trône, le pays est promis à la déchéance dans le classement des rois, dont le principal critère est la puissance des souverains. De ce point de vue, c’est le prince cadet, Daida, qui remporte le soutien populaire… Pourtant, Bojji arbore un éternel sourire.
Et quand une mystérieuse ombre lui ordonne de se délester de ses vêtements, il s’exécute avec plaisir ! Car, pour la première fois de sa vie, le garçon trouve un partenaire de conversation. Cet étrange voleur comprend ses paroles… Bojji lui dévoile alors son rêve : devenir le meilleur roi du monde !
Et ils vécurent heureux...
basé sur le manga de Sōsuke Tōka, Ranking of Kings se présente comme un conte de fée. Il en a toutes les apparences. Un roi, une méchante belle-mère, de nobles chevaliers, un miroir magique, une sorcière maléfique, des monstres, des paysages médiévaux, l'imagerie est évidente. C'est, à première vue, le genre d'histoire que vous trouveriez dans un livre d'histoire pour enfants.
La direction artistique coloré de Ranking of Kings souligne à merveille cette impression (Au passage, la maîtrise technique et la constance du travail d’animation WIT Studio sont impressionnants.). Elle évoque les années 70 et le « début » de l'animation japonaise. Le dessin de personnages, simplistes, ronds et amicaux, ainsi que les arrière-plans idylliques peints rappellent Astro (Tezuka) ou le pastoral « Heidi, Fille des Alpes » (Takahata/Miyazaki/ Kotabe).
Même les joviales mélodies à la flûte de la formidable bande-son ou le générique d’introduction diffusent ce sentiment d'innocence et d'émerveillement.
Ne vous fiez pas aux apparences. Sous ses aspects enfantins et ses couleurs chatoyantes, Ranking of Kings se révèle mature et émouvant, et au fur et à mesure des épisodes, d'une étonnante richesse scénaristique ; ses protagonistes et antagonistes s'avèrent émotionnellement plus complexes qu’ils n’y paraissent.
Dans Ranking of Kings, chaque figures gravitant autour du jeune prince apparaissent dans un premier temps en « deux dimensions ». Elles sont, à priori, des archétypes conventionnels empruntés aux contes folkloriques pour enfants. Mais il n'y a pas de psychologie dans un conte de fées. Les personnages n’ont pas de vie intérieure, de tourments, d'aspiration au bonheur, à l'amitié ou à l'amour. Et leurs intentions sont claires et évidentes. Rien n'est caché. Si d’apparence les gens sont bons, ils sont bons ; S’ils sont mauvais, alors ils sont mauvais.
C’est un chemin riche en émotions et en découverte que le petit prince sourd-muet va devoir arpenter pour prouver à tout le monde qu’il mérite de s’assoir sur le trône. Tout comme le spectateur, Bojji devra observer étroitement les forces en présence. D’autant que la perception et les lignes de démarcation, ainsi que la loyauté ou l’ambivalence des sujets, vont devenir de plus en plus troubles puis se redessiner à mesure que des vérités surprenantes émergent.
Ne jugez pas un garçon sur son apparence
Tout n’est pas parfait. A mon sens, il y a beaucoup à redire sur la seconde partie de l'anime, sa conclusion et la rédemption imméritée de certains personnages. Mais toutes considérations faites et à l’instar de Bojji, même lorsque c'est le choix le plus difficile, pardon et compréhension mutuelle sont de rigueur. Il s’agit d’une fable après tout. Et rien ne saurait entacher l’impression laissé par Bojji (et sa fidèle ombre).
Il y a tellement de choses captivantes dans Ranking of Kings et la plus fascinante d’entre elle est Bojji, notre valeureux héros. Il est sans conteste l’un des personnages les plus remarquables et mémorables rencontré dans un manga/anime ces dernières années.
Bojji est un garçon si inspirant. Il n'est pas grand, mais il est vaillant. Malgré son handicap et les moqueries constantes, il ne perd jamais espoir et poursuit son rêve avec détermination.
Ranking of Kings une histoire profondément empathique et explore des sujets tels que la confiance en soi et l’acceptation des autres, l’injustice, l'intolérance, l’amitié et la persévérance face aux obstacles. À aucun moment, les faiblesses perçues ne sont traitées comme des mécaniques narratives, ou des blessures qui doivent êtres guéries. Mention spéciale au soin et l’intégration parfaite des séquences en langue des signes japonaise (supervisés par la Fédération des Sourds du Japon, de Tokyo).
Longue vie à Bojji.
Les 23 épisodes de la saison 1 de Ranking of Kings sont disponibles en France, en VOSTFR et VF, chez Wakanim et gratuitement chez Crunchyroll.
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