Dame de la cour du milieu de l'époque de Heian (xe-xie siècle), connue pour avoir écrit l'un des monuments de la littérature japonaise le "Dit du Genji." Née en 923, disparue en 1014 ou 1025.
L'imaginaire de Hayao Miyazaki en tapisserie d'Aubusson : effervescence et enchantement avec la première tombée de métier
En Occident, à la fin du Moyen Âge, ce sont de prestigieuses pièces d’étoffe confectionnées en Flandres par les incontournables lissiers Arrageois, Tournaisiens, Bruxellois qui isolent des courants d’air et recouvrent avec majesté les murs de la noblesse ou les édifices religieux.
En France, au XVIIe siècle, le pouvoir royal souhaite contester l’hégémonie flamande et encourage le développement d’une production locale. La Manufacture des Gobelins, est créée à dessein. Elle honorera les grandes commandes de la cour du roi. Bien implantée au cœur de la capitale, cette pépinière de lissiers, de peintres, mais aussi d’orfèvres, de fondeurs ou encore d'ébénistes, blasonnera châteaux ou maisons princières et glorifiera la France à l'étranger.
Six siècles d'histoire vous contemplent...
Plusieurs autres sites et ateliers, comme ceux établis à Aubusson, où des tapisseries sont élaborées depuis le XIVe siècle, vont profiter de l’intérêt national et contribuer au succès de l’artisanat français. En 1665, Colbert accorde à l'ensemble des maîtres et habiles ouvriers, de ce petit coin paisible du Massif central, le titre de Manufacture Royale.
En 2009, l’Art de la tapisserie d’Aubusson, transmis de génération en génération, est inscrit sur la liste représentative du "Patrimoine culturel immatériel de l’humanité" de l’Unesco. Sa reconnaissance, loin de n'être qu'une simple distinction honorifique pour un quelconque héritage plus ou moins glorieux, a permis d’affirmer l’identité pittoresque de ce territoire.
En 2016, la Cité internationale de la tapisserie est inaugurée. L’édification de ce centre d'attraction culturel et économique, a garanti une meilleure visibilité à l'art de la tapisserie d'Aubusson, antique mais toujours vivante forme d’expression textile.
Si le complexe dispose d'un musée avec une vaste et étonnante collection d'œuvres, avec quelques pièces rares, derrière sa façade monumentale évoquant la trame multicolore du métier à tisser, on ne se contente pas d'exposer avec apathie un illustre mais poussiéreux héritage. Le lieu accueille également un centre de documentation, de formation aux métiers de la tapisserie et des espaces dédiés aux artistes, une véritable pépinière consacrée au rayonnement de la tapisserie.
Depuis son ouverture, pour susciter l'attention du grand public et surtout des jeunes générations, la Cité internationale de la tapisserie a identifié nombres de leviers, originaux et inédits qui entraînent naturellement le visiteur dans l'univers de la tapisserie d'Aubusson.
Le monument littéraire qu'est l'histoire de la Terre du Milieu de J.R.R Tolkien, est actuellement l’objet d’une série de tapisseries et tapis basés sur des illustrations créées par l'écrivain britannique. La tenture, commencée en 2016, est toujours en cours de tissage.
En parallèle, la Cité s’est lancée dans un autre défi, qui nous apparaît encore plus magistral, en introduisant une esthétique et de sujets bien plus moderne, avec l’œuvre du maitre de l’animation japonaise Hayao Miyazaki.
En 2021, nous nous étions rendus dans ce charmant petit village de la Creuse, avec ses ruelles qui tourbillonnent et son architecture médiévale pratiquement intacte, où près de 200 artisans contribuent à la conservation d’un savoir-faire d’excellence, afin de découvrir les prémices et les coulisses de ce projet, exceptionnel à bien des égards.
Le 25 mars 2022, la Cité internationale de la tapisserie avait donné rendez-vous, aux médias hexagonaux et leurs confrères japonais, à la cérémonie de dévoilement de la première des fresques de la tenture en hommage au travail de Hayao Miyazaki. C’est avec un plaisir renouvelé que nous les avons accompagnés.
La tombée de métier
Lorsque les caméras et les invités entrent dans l’atelier, l’objet de toutes les attentions repose toujours sur le métier à tisser. Derrière lui, Patrick, Marie et Luc patientent. Les trois lissiers de la famille Guillot ont passé près d’une année à entrecroiser les fils de trame, travaillant couleur par couleur, forme par forme, séparant les fils pairs des fils impairs, afin de retranscrire l’univers narratif, scénographique et représentatif de l’œuvre de Hayao Miyazaki.
Cela fait déjà plusieurs semaines que leur travail est terminé. Et ils vont enfin pouvoir procéder au rituel de la tombée de métier, instant de tension et d'émotion, où l’œuvre est déployée, détachée du support qui a permis sa production. Le travail se faisant sur l’envers. Ils découvriront enfin le fruit de leur collaboration.
En direct d'Aubusson
Sous les feux des caméras de nos collègues hexagonaux et des médias de l’archipel nippon, la cérémonie de la tombée de métier de la première tapisserie avait été diffusée en direct sur la chaîne Youtube de la cité internationale de la tapisserie.
La vidéo est chapitrée : La tombée de métier, dévoilement de la tapisserie dans l’amphithéâtre de la Cité, discours de personnalité de la région comme Hubert Védrine (Ancien Ministre, né en Creuse), Jean-Jacques Lozach (Sénateur de la Creuse), Charline Claveau (Vice-Présidente du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine), discours et interview de Valérie Simonet (présidente du conseil départemental de la Creuse), discours et interview de Junichi Ihara (Ambassadeur du Japon en France).
Les orateurs invités au pupitre sont dithyrambiques sur le travail présenté et l'orchestration réussi de ce premier chapitre de l'évènement consacré à Hayao Miyazaki.
Tous manifestent leur admiration pour l’œuvre du réalisateur japonais. L’ambassadeur du Japon en France insiste sur la modernité des thématiques abordées dans le chef-d'œuvre sorti en 1997. « Son univers fait allusion aux questions fondamentales du monde d’aujourd’hui. La réconciliation avec la nature, les limites de notre civilisation et les excès du matérialisme. La nature doit résister à la guerre, à la pollution, au matérialisme, elle est souvent seule mais elle résiste finalement bien plus qu’on ne l’aurait cru. L’œuvre de Miyazaki porte un message de paix ».
En s’associant avec le Studio Ghibli, la Cité de la tapisserie s’est offert une exposition et une promotion exceptionnelle à l’étranger. La belle aventure tissée, suivie de près par le créateur de Totoro, médiatisée par la télévision japonaise sur la chaîne publique NHK, va évidemment contribuer à accroitre l’engouement .
Emmanuel Gérard, directeur de la Cité, espère que l’exposition deviendra une curiosité pour les touristes japonais. « Il faut les faire venir à Aubusson, qu’ils découvrent notre savoir-faire avec toute la sensibilité qu’ils ont pour les métiers et l’artisanat d’art. »
Considérée comme désuète ou ringarde, la tapisserie se défait des préjugés. Elle a déjà réussi à se réinventer à d'innombrables reprises. Depuis plusieurs années, l’ensemble des savoir-faire traditionnels nécessaires à sa production est mis au service de la création d’œuvres contemporaines pluridisciplinaires renouvelant la considération des artistes, des musées, et des galeries. Avec ce genre d'initiative, nul doute que le public répondra présent.
Les travaux monumentaux qui composent la collection sont exposés au fur et à mesure de leur achèvement et visibles dans le parcours d'exposition de la Cité. À terme, un espace spécifique leur sera consacré.
5 tapisseries... et une mascotte
La Cité à prévu de métamorphoser en tapisserie cinq "tableaux" tirés des images animées des célèbres films du maître du cinéma d'animation.
Le travail sur la seconde tapisserie est amorcé depuis plusieurs semaines. La scène intitulée le banquet du Sans visage, est extraite du film Le Voyage de Chihiro. Elle présente la confrontation, dans une salle ornée de faces démoniaques, entre Chihiro et le Sans visage, chimère solitaire, en quête d’identité enrôlé dans des jeux de concupiscence, de séduction et de possession qui le rendent insatiable et maléfique. La tapisserie mesurera 3 mètres de haut pour 7,50 mètres de large.
Des expositions itinérantes sont prévues en France mais aussi au Japon, où le tissage suscite un vif intérêt. Un arrêt semble programmé dans la préfecture d'Aichi, où est installé Ghibli Park, le parc d'attractions dédié aux univers des œuvres du Studio nippon.
Et pour combler les vides laissés au musée lorsque les tapisseries seront en vadrouilles, les ambitieux responsables du projet espèrent ajouter d’autres pièces à la collection. Rien n'est encore clairement établi mais ils sont enthousiastes. De nouvelles œuvres pourraient, ainsi, compléter la tenture. Parmi elles, il est souvent évoqué la possibilité de produire une tapisserie à l’effigie de la mascotte du studio Ghibli. On croise les doigts.
お疲れ様 でした !
« Otsukaresama (お疲れ様) ! Cette expression japonaise est de circonstance. Merci pour votre travail.
Félicitations à toute l’équipe de la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson pour l’inspiration, ainsi que pour l’organisation sans faille.
Félicitations à Delphine Mangeret, Nadia Petkovic, la famille Guillot (Patrick, Marie, et Luc) et toutes les petites mains qui ont contribué à l’accomplissement de cette admirable et colossale entreprise.
Suivre de près, cette tenture-événement inspirée par l’œuvre de Hayao Miyazaki permet de considérer à leur juste valeur les différentes étapes inhérentes au processus de conception d’une authentique tapisserie d’Aubusson. Et le public est cordialement invité à découvrir les coulisses pour apprécier l’ampleur de la tâche.
A l’instar de cette première tapisserie, chacune des autres créations va nécessiter près d’une année de travail et toujours les mêmes rituels. 4 autres tapisseries sont prévues. Autant d’occasion de visiter Aubusson et sa Cité de la tapisserie.
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