Qui ne le connait pas ?
Shigeru Miyamoto est considéré comme l'une des plus grandes figures du jeu vidéo.
À voir absolument : Aubusson, la Cité internationale de la tapisserie et l'imaginaire de Hayao Miyazaki en tapisserie
A mi chemin entre Clermont-Ferrand et Limoges, niché entre la Beauze et la Creuse, Aubusson ne bénéficie pas des meilleurs accès aux réseaux de transport interurbains. En tout cas, depuis Paris, c’est plutôt compliqué. Et c’est bien dommage, car le coquet village possède de nombreux atouts. Il offre à ses visiteurs un grand bol d’air avec ses nombreuses routes bucoliques, un patrimoine architectural riche avec ses maisons à tourelles, des châteaux de caractère ou encore sa tour de l'Horloge.
Aubusson abrite, surtout, en son sein, un formidable porte-étendard, catalyseur d’une étonnante création artistique contemporaine et multiforme : La Cité internationale de la tapisserie.
Transmission de savoir-faire avec une plateforme de formation aux métiers de la création mais aussi de la restauration textile, centre de documentation, espaces d’exposition, ateliers et résidence d’artiste… Bien plus qu’un conservatoire de l’histoire de la tapisserie, la Cité est, depuis sa création et par ses différentes composantes, le moteur d’un territoire étonnamment dynamique et attractif.
Les impressionnantes salles d’exposition de la Cité permettent de voyager au fil de six siècles d’histoire de la tapisserie d’Aubusson, fleuron des Arts décoratifs français, reconnu au "Patrimoine culturel immatériel de l’humanité" par l’UNESCO.
La tapisserie est au confluent de l’artisanat et des arts déco. Des centaines d’œuvres du monde entier, anciennes ou plus contemporaines, « tapissent » les murs et quelques exceptionnelles pièces de mobilier inspirées par le travail des artisans d'art d'Aubusson sont aussi exposées.
Extraire la tapisserie de son image un peu surannée de décoration pour château mal chauffé avec Tolkien et Miyazaki
Un ensemble de tapisseries sur un même thème est appelé une tenture. Les tentures permettent de dérouler une narration et de représenter plusieurs épisodes marquants d’une même histoire. Pour les périodes anciennes, les sujets étaient généralement tirés de la mythologie, de la Bible ou de romans à succès.
Depuis 2016, et les tentures consacrées au Seigneur des Anneaux, la Cité de la tapisserie s'est lancée dans une nouvelle grande aventure, aller au-delà des acteurs spécialisés pour toucher un autre public, proposer de grandes oeuvres au sein desquels les nouvelles générations peuvent s'identifier.
"L’imaginaire de Hayao Miyazaki en tapisserie d’Aubusson" s’attache à interpréter le travail magistral du réalisateur japonais en une grande tenture de cinq pièces. Une telle démarche de transcription d’un univers animé en tapisserie est inédite et entraîne naturellement les visiteurs dans l’univers plus large de la tapisserie d’Aubusson.
Ces nouveaux ensembles monumentaux et prestigieux rejoignent ainsi les grands cycles narratifs des XVIIe et XVIIIe siècles. Hayao Miyazaki, ses personnages héroïques, ses sorcières et ses forêts enchantées… Un univers totalement en phase avec les fables oniriques contés dans la laine d'Aubusson, jadis inspirés de grandes épopées littéraires comme L’Odyssée d’Homère, ou l’histoire d’Armide et de Renaud tirée de "La Jérusalem délivrée" de Le Tasse.
Les notes enchanteresses et mélancoliques de Joe Hisaishi accompagnent le visiteur, plongé dans une semi-obscurité, dans un petit espace dédié à la présentation de l'ambitieux projet. On y découvre, les scènes choisies pour le tissage des cinq tapisseries monumentales tirées de l’imaginaire du réalisateur japonais.
La sélection a été faite en fonction de leur esthétique mais aussi de la « tissabilité ». Hayao Miyazaki a bien sûr eu un droit de regard et a émis des préférences, notamment pour la scène du banquet du sans visage. Chihiro fait face à la chimère en quête d’identité, devenue possessive. Cette dernière n’apparaissait pas intégralement. Le projet initial possédait déjà des dimensions vertigineuses, il sera rallongée d’un mètre supplémentaire.
Toutes les pièces de cette tenture sont complexes et monumentales. La première scène, extraite de Princesse Mononoké, fait 23m².
Ashitaka soulage sa blessure démoniaque
Un sanglier possédé par un démon a blessé au bras Ashitaka. À son tour pris par la malédiction, il mourra s’il ne parvient pas à trouver le moyen de lever le sortilège. Accompagné de son fidèle Yakkuru, il part vers l’Est dans l’espoir de vaincre la menace qui pèse sur lui et sur tout le pays.
L'image n'existe pas telle quelle dans le film d’animation, sorti en 1997. C’est un travelling, qui dévoile le jeune prince déchu se réfugiant pour soulager son bras sous l’eau fraîche, au pied d’immenses cèdres filtrant une mystérieuse lumière. Haut de 5 mètres et large de 4,60 mètres, la scène sera figée dans 120 kg de laine, de lin et de soie.
L’affiche présentée dans l'espace Miyazaki est une reproduction d'un carton, une image qui sert de guide, placé sous les fils de chaînes du métier à tisser. Impressionnant format et pourtant, il est un poil plus petit que la monumentale œuvre qui sera produite.
L'envers du décor
La Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson protège un héritage exceptionnel mais le plus impressionnant se cache dans les coulisses, ouverte au public.
Car c’est, avant tout, pour valoriser le patrimoine immatériel, le savoir faire, que la Cité de la tapisserie s’est lancée dans cette aventure originale et audacieuse.
Il s'agit d'un travail d’orfèvre dont on peine à mesurer les contours et l'ampleur même en entendant les chiffres démesurés que les lissiers, les artisans qui réalisent les tapisseries, nous annoncent sans sourciller.
Sur le métier les trois fées tisseuses de l'atelier familial Guillot s'attèlent à l'ouvrage. Grattoirs et flutes de laine à la main, Patrick, le père, Marie, la mère et Luc, le fils, s’échinent à entremêler des milliers de fils colorés durant 8 à 10 heures par jour, parfois le soir, soixante heures par semaine, depuis mars 2021, sans se gêner le moins du monde. Et cela sans laisser de côté les autres commandes qu'ils ont aussi à honorer en parallèle.
Ce n’est qu’au lever de rideau ou plutôt à la tombée de métier qu’ils verront pour la première fois l’œuvre en entier. Dans le jargon du tissage, la tombée de métier est le moment, instant de tension et d'émotion, où l’œuvre est dévoilée, détachée du support qui a permis sa production. On coupe les fils de chaîne qui la maintiennent sur le métier à tisser et toutes les petites mains qui ont contribué (cartonnier, teinturier et lissier) découvrent le fruit de leur collaboration avec la crainte que leur interprétation soit passée complètement à côté du projet.
Il va falloir attendre le début d’année 2022 pour pouvoir admirer en détail l’impressionnant travail réalisé sur cette œuvre extraite de Princesse Mononoké. Elle pourra être contemplée à la Cité, avant d’aller faire rayonner le nom d’Aubusson dans d’autres régions du monde. Les œuvres monumentales devraient faire l'objet d'expositions itinérantes. Elles iront au Japon où le tissage suscite un vif intérêt.
Et Totoro ? Il se murmure, si tout se passe bien et que le public répond présent, que l’ineffable mascotte du Studio Ghibli soit intégrée au programme. On espère voir son sourire, lui aussi, figé en laine d'Aubusson…
D'ici là, il faudra bien patienter encore plusieurs années pour que l’ensemble de la tenture événement soit exposé. Le premier tissage a débuté en mars de cette année. L'ensemble de la tenture sera terminé fin 2023.
ありがとうございました
Merci à la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson pour l’invitation. Merci à Jean-Philippe Trapp, Cynthia Quique, et Justine Picton pour leur travail, leur engagement et leur enthousiasme durant notre visite. On se donne rendez-vous à la tombée de métier.
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