Comédien de rakugo et animateur de télévision. Très présent dans les publicités. Appelé le plus souvent par son prénom, Tsurube.
A lire absolument: "Godzilla", de Shigeru Kayama, le roman fondateur du mythe
L’Eikô Maru s’apprête à rentrer à bon port, les membres de l’équipage en profitent pour se détendre et penser à leurs proches qu’ils vont retrouver… une lumière aveuglante apparaît des profondeurs de l'océan et le bateau fait inexplicablement naufrage. Dès lors, toute tentative de secours est vouée à l’échec.
Sur la petite île d’Ôto, les habitants cherchent la cause de l’événement désespérément, tandis que des bruits de pas assourdissants se font entendre au loin… Une fureur titanesque et insondable qui dormait dans l'abîme fait alors surface: une divinité antédiluvienne et une malédiction que les locaux ont surnommée « Gojira » et que le monde apprendra à craindre sous le nom de Godzilla...
Genèse d’une œuvre culte
Après bientôt près de sept décennies de divertissement mais surtout de destruction en tout genre, le monstre saurien enfanté par des essais atomiques, le roi des Kaijū lui-même, n'a guère besoin d'être présenté. Et si vous êtes un véritable fan de Godzilla, vous connaissez sans aucun doute Ishiro Honda, Tomoyuki Tanaka, Eiji Tsuburaya, Haruo Nakajima ou encore Akira Ifukube, les noms des « pères fondateurs ». Mais il y a un autre génie créatif qui mérite de figurer dans cette liste.
Shigeru Kayama est un homme très peu reconnu en occident et pourtant, ce sont ses écrits (notamment celui appelé « Le grand monstre venu de 20.000 lieues sous les mers ») qui sont à l’origine de l’une des plus immenses, à plus d’un titre, icônes du cinéma japonais. Dans les années 1950, Shigeru Kayama était l’un des auteurs de science-fiction les plus éminents du Japon. Ce sont ses talents que le producteur de la Toho, Tomoyuki Tanaka, est venu chercher alors qu’il souhaitait créer un « Kaijū Eiga », un film de monstres géants.
Si de nombreuses modifications ont été apportées, par Ishiro Honda et l'écrivain Takeo Murata, au concept original de Shigeru Kayama, des premiers mots couchés, jusqu’au moment où l’acteur portant le costume du monstre est apparu devant les caméras, la structure de base et le déroulement de l'intrigue sont restés les mêmes. Le roman « Kaijū Gojira » tel qu’il est connu aujourd’hui a été publié pour la première fois le 25 octobre 1954. Il est une adaptation du concept original et est inspirée par deux sources différentes : le scénario initial de Ishiro Honda et Takeo Murata pour le film, et l’adaptation dramatique radiophonique sérialisée de Toshi Tatsuno du même scénario.
Godzilla est porteur d’un message toujours d'actualité
Au-delà de la fiction et des métaphores sur l'évolution de la société japonaise, le message est clair.
La Seconde Guerre mondiale s'est terminée il y a à peine une dizaine d’année lorsque le film est lancé et le Japon sort d’une période extrêmement difficile. Il est des phénomènes devant lesquels l’homme, pris de stupeur, reste sans voix et pourtant… Malgré les tragédies d'Hiroshima et de Nagasaki, certaines nations continuent de mener des expérimentations sur les atomes avec une détermination aveugle et insensée.
«… J’ai peine a croire que ce Godzilla était le dernier survivant de son espèce. Si jamais les tests de la bombe à hydrogène se poursuivent… d’autres spécimens pourraient bien faire leur apparition ailleurs dans le monde. »
Certes l'époque bénite des essais de bombes à hydrogène est bel et bien révolue mais ces remarques, bien que formulées dans un vulgaire récit de science-fiction, devraient servir de mise en garde et poser un sérieux défi moral à l'humanité, aux politiques, aux militaires, aux scientifiques qui continuent d’accumuler les armes nucléaires et qui s’efforcent de fabriquer des outils génocidaires toujours plus puissants et plus cruels encore. Ce n’est toujours pas le cas.
Godzilla est une divinité destructrice
S’il y a bien une chose que les producteurs hollywoodiens n’ont pas compris (ou ne veulent pas comprendre) en adaptant à leur sauce ce produit de l’imaginaire nippon est que Godzilla n’est pas un héros ou un protecteur.
Godzilla est un destroyer allégorique dont le manque de motivations définies selon nos normes est l’une de ses plus terrifiantes forces. Godzilla est une anomalie de la nature qui n’a pas de paradis à défendre. Démon et ange à la fois, il est une divinité qui n’a cure de nos visions manichéennes. Cela dit, les actes dévastateurs du monstre agissent comme autant de purifications sur la société (pollution, impérialisme économique et déclin spirituel) et c’est cela aussi que les Japonais apprécient.
S’il porte en lui une forme d’innocence, la plus célèbre créature chimérique du cinéma japonais se place du côté du chaos. Cette vision absolue est liée à la mentalité du peuple nippon. Le renard est le messager des dieux et le loup, le seigneur de la forêt. Une présence étrange a toujours inspiré crainte et respect aux Japonais.
A lire absolument !
Godzilla est une lecture plaisante et extrêmement fluide. Parfois un peu trop simpliste dans l'intrigue, avec des personnages à peine esquissés. Ici, de ce point de vue je m'attendais à quelque chose de plus approfondi. Dans le film, la relation entre l'héroïne Emiko, le marin Ogata et le scientifique Serizawa a évolué pour devenir un triangle amoureux avec de nombreuses implications pour l'histoire dans son ensemble. Mais comme le dit très bien Shigeru Kayama, le personnage principal de cette histoire est Godzilla, le reste n'est qu'une simple mise en contexte.
Cette fascinante « version alternative » du premier film Godzilla n’avait jamais été publié dans notre langue, il était une sorte de « Saint Graal » pour les fans français qui se lamentaient.
Les 288 pages qui composent cet ouvrage dévoilent une belle traduction, et avec une surprise dans la seconde partie. Quand on croit avoir atteint la fin de l'histoire, ce n’est pas vraiment le cas, puisque le second film, « Le retour de Godzilla », est lui aussi dorénavant accessible. Certes, le récit est relativement expédié mais il contient tous les éléments primordiaux et appréciés du grand public, c’est-à-dire des ravages cataclysmiques résultant de combats titanesque entre monstres protéiformes nés de l'inconscience des hommes.
Quant au livre, l’objet en lui-même, il est comme toujours chez Ynnis Éditions, de très belle facture. La construction est solide, la mise en page aérée, le papier de qualité avec une jolie illustration sur la couverture cartonnée, dans un format digest : 14 x 21.5 cm.
Godzilla, de Shigeru Kayama, est un livre absolument recommandable, et pas uniquement aux fans du Kaijū le plus célèbre de tous les temps.
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L’histoire qui a créé la légende, à l’origine des premiers films Godzilla (1954) et Le Retour de Godzilla (1955), puis qui en a inspiré tant d’autres!
Dans cette fable née au cœur d’un Japon meurtri par la bombe, Shigeru Kayama raconte ici, à travers le prisme du monstre, le traumatisme de Hiroshima et Nagasaki dans un puissant pamphlet antinucléaire où le statut de Godzilla oscille toujours entre celui de bourreau et de victime. Un cri d’alarme, une alerte lancée jadis qui fait écho à notre siècle toujours sur la brèche.
Notez que vous pouvez lire les premiers chapitres du roman sur la page du produit sur Amazon.fr pour vous faire une idée.
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