Auteur, écrivain, enseignant, traducteur, entrepreneur et théoricien politique japonais ayant créé l’université Keio, il est considéré comme l’un des fondateurs du Japon moderne. Son portrait illustre les billets de banque de 10,000 yens.
Tokyo Tarareba Girls, d'Akiko Higashimura. Drôles et attachantes "vieilles filles"
Tarareba, «et si» en japonais… Avec son titre, Akiko Higashimura donne le ton dès le départ avec cette accroche que j’entends aussi souvent chez certaines de mes amies (et collègues) les plus pressées : « J'ai passé tout mon temps à me demander Et si?... Puis un jour je me suis réveillée et j'avais 33 ans. »
C'est une situation dans laquelle se trouvent beaucoup de trentenaires, s'interrogeant sur les choix bons ou mauvais qui ont été faits dans leur jeunesse et craignant que le train de la chance soit déjà passé.
Dans ses notes, Akiko Higashimura avance que cette histoire a été inspirée par une combinaison de ses expériences épuisantes avec ses relations, combinée à l'anxiété soudaine de ses amies concernant leurs romances (ou leur manque de romances) à la lumière de l'annonce des jeux olympiques, qui pour de nombreux japonais a été un marqueur temporel important.
Le grand blond et les Y-a-qu’à-faut-connes
Rinko, scénariste de séries télévisées, est une trentenaire célibataire à la carrière professionnelle épanouie. Tous les soirs après son harassante journée de travail, elle rejoint Kaori et Koyuki, ses meilleures amies depuis le lycée, trentenaires et aussi célibataires, dans l’izakaya du père de cette dernière pour s’y raconter leurs peines de cœur et boire. Beaucoup boire.
Un soir, alors qu’elles sont encore en train de s’enivrer et de se rassurer bruyamment à coup de "y a qu’à, faut qu’on" dans leur bar favori, elles sont interrompues par un jeune homme aux allures de mannequin. Agacé de les entendre brailler, il les brocarde en les traitant de vieilles filles insipides avant de quitter les lieux.
Alors qu’elle pensait avoir encore tout son temps, Rinko réalise qu’il va falloir qu’elle se réveille si elle ne veut pas finir sa vie toute seule… Elle se fait une promesse, se marier avant les Jeux olympiques de Tokyo 2020 (Sic).
Publié par Kodansha depuis 2014 au Japon, Tokyo Tarareba Girls de Akiko Higashimura est un Josei, un récit tranche de vie qui se destine à un public de femmes adultes, insérées dans la vie active et/ou mariées et s'adresse ainsi à un lectorat plus âgé que celui du shōjo manga, destiné aux adolescentes et jeunes adultes. Le lancement de l’événement sportif mondial devait marquer la conclusion de la série avec le 9ème et dernier volume. Mais le Covid-19 est passé par là. En France, c’est Le lezard noir qu’il faut remercier pour la publication. 4 volumes sont actuellement disponibles.
Le scenario est cousu de fil blanc. Rinko ne cesse plus de croiser la route du beau trouble-fête qui ne la ménage pas. On imagine ce qu’il va se passer mais on attend avec impatience de savoir comment cela va se passer.
Coté réalisation, rien à redire. Si vous êtes coutumiers de ce genre de manga, vous ne serez pas déçus. Les décors sont minimalistes mais réussis et bien employés pour les mises en contexte. L’accent est d'avantage mis sur les mimiques des personnages, et leurs expressions faciales. Le trait est agréable et j’apprécie le chara-design qu’on ne rencontre pas à tous les coins de manga.
Une très bonne lecture
Tokyo Tarareba Girls est inspiré par des femmes actives comme sa créatrice, qui pensent au mariage, mais qui ont aussi d’autres chats à fouetter dans leur vie, le verbe haut et une ambition, qui ne craignent pas les pressions sociales de la société japonaise, et qui ne se laissent pas museler par les diktats du patriarcat... quoique.
Je n’ai lu que le premier volume. Comptez sur moi pour vous en dire plus en temps voulu. Seule Rinko est vraiment mise en avant. J’espère de tout mon cœur que ce sera ensuite le tour des autres et qu’elles ne resteront pas des seconds couteaux, les bonnes copines juste là pour soutenir l’héroïne mais qu’elles auront-elles aussi des histoires à raconter.
C’est aussi le premier manga d’Akiko Higashimura que je parcoure. Cette petite histoire sans prétention aucune mais absolument amusante, grinçante, décapante, décalée et intelligente, qui parle aux femmes, me donne énormément envie de me lancer dans la lecture de ses autres séries : Le tigre des neiges et surtout Princess Jellyfish.
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Akiko Higashimura est une mangaka née en 1975. elle publie son premier manga en 2001. Série culte pour toute une génération au japon, également adaptée en série TV, Tokyo Tarareba girls a reçu aux Etats-Unis le prestigieux "Eisner Awards" en 2019. son autre série a succès, le tigre des neiges, éditée également au Lézard noir, a reçu le prix "fauve jeunes adultes" au festival de la bande-dessinée d'Angoulême en 2020.
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