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Le maire d'une ville japonaise accusé de viol fait licencier sa victime après un référendum populaire
L'histoire à peine croyable d'une femme membre du conseil municipal d'une petite ville touristique défraye la chronique. Cette dernière prétend avoir été violée par le maire de la ville. Résultat, le maire est toujours maire et la victime au chômage. Cela ne s'est pas produit dans les années 50 aux États-Unis mais actuellement au Japon.
La ville de Kusatsu, dans la préfecture de Gunma, est petite et compte un peu plus de 6000 habitants. La ville est connue de tous les Japonais pour ses sources chaudes, appelées "onsen" en japonais.
Mais Kusatsu est aussi un lieu où l'autre réalité très sombre d'un certain Japon est visible. En 2015, l'unique femme membre du conseil municipal de la ville, Mme Shoko Arai a été violée. Le violeur présumé n'est autre que Nobutada Kuroiwa, le maire de la commune.
Shoko Arai a rendu public son calvaire en 2019 ce qui a provoqué quelques vaguelettes médiatiques. Kuroiwa, le maire, a poursuivi Arai pour diffamation. En plus de cela, il l'a expulsée du conseil municipal, redevenu 100% masculin.
Shoko Arai a riposté. Elle a porté plainte et son licenciement a été déclaré illégal. Mais le maire et ses amis n'ont pas tardé pour lancer une nouvelle tactique et se débarrasser de l'encombrante adjointe.
Le journaliste Minori Kitahara (Yahoo Japan) écrit dans un article, comment Kuroiwa a construit une clique avec ses camarades du conseil pour dénigrer Madame Arai. Lors d'une réunion du conseil en mars 2020, qui selon le reporter ressemblait à "un avenir dans lequel il n'y a pas de femmes", Kuroiwa & Co. ont accusé Arai de "nuire à l'économie et aux habitants de Kusatsu". Ils l'ont accusée de causer une nuisance, "meiwaku" en japonais.
L'idéologie "meiwaku" est forte au Japon. On dit aux enfants de ne pas être "meiwaku" dès leur plus jeune âge. Au Japon, exprimer une opinion peut être considéré comme un "meiwaku". Fumer dans la rue, c'est "meiwaku" .
La protestation aussi est "meiwaku". Il y a même des lois contre le "meiwaku" - où c'est essentiellement à la police de définir ce qu'est ce "meiwaku". Mais il est assez clair que violer une femme n'est pas considéré comme "meiwaku" dans une grande partie de la société japonaise.
Les déclarations suivantes en revanche ne semblent pas être considérées comme "meiwaku" au Japon:
"Si je t'avais vraiment violée, tu ne pourrais pas être dans la même pièce que moi!" - Maire Kuroiwa
"Les vraies victimes perdent leur voix, elles ne disent rien. Vous inventez des choses!" - Maire Kuroiwa
Mais le premier édile de la ville et ses amis ne se sont pas arrêtés à quelques remarques sexistes. Comme étape suivante, ils ont fait campagne pour un référendum pour faire sortir Arai du conseil une fois pour toutes. Les habitants de Kusatsu devraient décider.
Et Kuroiwa est un maître dans l'art de faire de la propagande. Il a accroché des affiches dans toute la ville. Des affiches sur lesquelles étaient écrit : "Votez contre Arai! Revenons à la fierté et à la confiance en Kusatsu!".
La ville a également envoyé un document à chaque foyer avant le référendum. On peut y lire : Veuillez cocher "Je soutiens l'expulsion de Shoko Arai du conseil municipal".
Hier, le 6 décembre 2020, les habitants de Kusatsu ont décidé. Une majorité de 53,66% a voté pour l'expulsion de Shoko Arai du conseil municipal.
Les hommes au pouvoir sont tous impliqués dans les affaires touristiques. Ils sont riches et dirigent la ville. "La plupart d'entre eux sont des PDG, des hôteliers et des employeurs locaux, ce qui signifie que les habitants subissent une double pression pour coopérer", déclare Shoko Arai.
Sitôt le résultat proclamé, une première manifestation s'est tenue. Un groupe de militants a protesté en face de la mairie, lors d'une réunion du conseil municipal. «Maire Kuroiwa, ayez honte!», pouvait-on lire sur une banderolle.
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