Je fais cet article pour faire une espèce de bilan global de mes visites à Kyoto. Je vous emmène découvrir quelques sites qui m’ont marquée puis vous aurez mon impression plus globale sur ce séjour dans l’ancienne capitale impériale ainsi qu’une sélection de mes sites préférés.
Le château Nijo-jo
Construit au début du XVIIe, le Nijo-jo est un complexe tout en raffinement, en plein cœur de Kyoto. Il a été construit pour servir de demeure au premier shogun de la lignée des Tokugawa et ses descendants s’y sont succédés sur pas moins de quinze générations.
J’ai particulièrement apprécié la finesse des décorations intérieures du palais Ninomaru, bâtiment principal qu’on peut visiter en observant les différentes salles depuis la galerie de couloirs qui font le tour du palais. Une bonne trentaine de pièces se succèdent en enfilade, toutes sur le même niveau, et constituent de splendides exemples de l’architecture traditionnelle japonaise : portes coulissantes soji, tatamis au sol et cloisons richement décorées.
Les peintures représentant des tigres à l’entrée du Tozamurai ont particulièrement attiré mon attention : en Chine, j’avais déjà vu de nombreuses représentations de lions et de tigres dans les peintures traditionnelles qui me faisaient tiquer sur certains détails car elles avaient un côté beaucoup plus mythique que celles représentant d’autres animaux (oiseaux, ours, pandas…). Tout comme les lions que l’on peut voir gravés sur la lanterne à l’entrée du Todai-ji de Nara (voire l’article sur Nara), les tigres du Nijo-jo viennent de peintures chinoises importées de Corée, la plupart calquées sur des images venues de bien plus loin encore. Parmi les peintures du Ninomaru, on peut voir une tigresse et ses trois petits… mais l’un d’eux est un léopard. Ces animaux étaient très mal connus à l’époque en Asie de l’Est et on pensait alors que les tigres et les léopards faisaient partie de la même espèce.
Les couloirs par lesquels on passe pour faire la visite du palais « chantent » : un grincement s’élève du parquet des galeries quand on y marche qui fait penser à un sifflement d’oiseau et a donné aux couloirs le surnom de « rossignol ». Ce son est apparemment non intentionnel mais viendrait de l’usure du bois au sol.
L’une des salles du Ninomaru a été le lieu d’un épisode très marquant de l’histoire nippone : la restauration de l’autorité impériale. C’est ici que le dernier shogun de la lignée Tokugawa renonce à son pouvoir en 1867 et se soumet à l’autorité de l’Empereur ; c’est le début de la Restauration de Meiji. Un peu partout dans le château, les pièces de métal en forme de trèfle à trois feuilles symbolisant le clan Tokugawa sont recouvertes ou remplacées par le chrysanthème à seize pétales, le sceau de la famille impériale.
La visite du château se poursuit en extérieur dans le jardin qui entoure le palais Ninomaru puis dans la seconde partie de l’enceinte où on trouve le château Honmaru, partie défensive (fermé au public), et finalement au jardin Seiryu-en, aménagé dans les années 1960, autour des murailles qui entourent les deux bâtiments.
Le sanctuaire de Fushimi Inari et ses célèbres toriis
Ce seraient des Coréens qui auraient introduits le culte d’Inari en s’installant à Fushimi au début du XVIIIe siècle et en y fondant le célèbre sanctuaire. Celui qu’on visite aujourd’hui a toutefois été reconstruit à la fin du XVe. La branche shinto Inari, dont je parlais déjà dans mon article sur Matsue, compte plus de 40 000 lieux de culte au Japon. Et c’est Fushimi Inari qui est le plus imposant et le plus emblématique de tous.
Les sanctuaires dédiés à Inari sont reconnaissables à leurs statues de kitsune, des renards considérés comme les messagers de ce dieu, et à leur innombrables toriis rouges. A Fushimi, plus de 30 000 toriis vermillons sont alignés les uns aux autres, formant des galeries de plus de 5km à travers la forêt et à flanc de colline.
Les toriis du culte shinto représentent le passage physique entre le sacré et le profane, le monde des humains et celui des esprits. C’est pour ça que les inscriptions ne sont gravées que d’un côté des toriis : elles ne s’adressent qu’aux esprits, pas aux simples mortels.
Si on se donne la peine de grimper les quelques 200m de dénivelé au-dessus du sanctuaire, on se retrouve sur une route quasi exclusivement empruntée par les pèlerins japonais. Il faut compter une heure depuis le bas pour arriver jusqu’au sommet. En chemin, on a une superbe vue sur le sud de Kyoto qui se dessine à travers les arbres. Pour se désaltérer, on peut s’arrêter dans une des nombreuses maisons de thé qu’on trouve jusqu’au temple le plus haut. C’est ce que j’ai fait quand j’ai été surprise par l’orage en plein milieu de mon exploration.
La promenade est bordée de petits temples où s’accumulent les toriis miniatures, posés sur les dalles en pierre ou carrément accrochés autour des statues de kitsune. Ceux-ci portent pour la plupart des petites bavettes, quelques fois mêmes des bonnets tricotés, confectionnés par les fidèles.
Je suis redescendue de ce petit bout de forêt, finalement aussi vert que rouge, sous les gouttes ruisselantes des toriis. La brume avait envahi le site et la pluie avait fait disparaître le peu de grimpeurs qui voulaient bien monter jusque-là. J’imagine que ce temps a donné à mon expérience sur place un côté encore plus mystique. Si vous voulez profiter pleinement de l’endroit, ne soyez pas effrayés par la foule de touristes qui se massent au début du sanctuaire mais continuez à grimper jusqu’à être un peu tranquille. L’atmosphère est vraiment singulière au milieu de ces longues galeries vermillon.
Le Pavillon d’Argent
Le Ginkaku-ji, à ne pas confondre avec son homologue de l’autre côté de la ville le Kinkaku-ji (Pavillon d’Or), fait partie des sites emblématiques de l’ancienne capitale impériale. Erigée pour être la résidence d’un shogun au XVe siècle, il était prévu qu’on le recouvre de feuilles d’argent. Ça n’a jamais été fait et, à la mort du shogun, le pavillon fut transformé en temple zen.
La balade dans ce charmant petit temple est très agréable. En montant quelques dizaines de marche le long de la colline qui surplombe le site, on a une belle vue sur le pavillon et son jardin zen ainsi que sur les habitations alentours.
Depuis le sud, on peut accéder au Pavillon d’Argent en passant par la « marche de la philosophie », une agréable promenade le long d’un petit canal qui doit son nom à l’habitude qu’avait un célèbre philosophe du coin de venir y flâner. Un peu avant le Ginkaku-ji, cette balade passe en contrebas du petit temple Honen-in dont le jardin permet de faire une pause rafraichissante.
Le monastère autour du Myoshin-ji
Fondé au XIVe siècle, ce complexe de 47 temples est une véritable petite cité du zen au milieu du quartier nord-ouest de la ville. J’ai adoré me balader dans les allées de gravier où on passe devant une multitude de petits temples, la plupart fermé au public, mais où l’on aperçoit depuis les porches de très beaux jardins emprunts de sérénité. Certains temples indiquent des horaires d’ouverture pour venir méditer et découvrir les usages du bouddhisme zen (ouverts aux étrangers puisque les offres sont aussi en anglais).
Le temple Toji
Le « temple de l’Est » n’a, de prime abord, rien de bien plus excitant que l’ensemble des temples qu’on trouve dans toute la ville. Et pourtant, il renferme des trésors considérables. Il fut construit à la fin du VIIIe siècle, juste après que la capitale impériale prenne ses quartiers à Kyoto marquant ainsi les débuts de la période Heian. La pagode à cinq étages qui se dresse au fond de la cour serait la plus grande du Japon, du haut de ses 57m. Mais les choses les plus intéressantes ne sont pas en extérieur.
Dans le hall kondo, bâtiment le plus imposant, trônent trois immenses statues : le Bouddha Yakushi, entouré des bodhisattvas Gakko et Nikko. Dans le hall kodo, juste à côté, sont exposés 19 statues importées de Chine et arrangées selon la forme d’un mandala bouddhiste avec au centre le Bouddha Vairocana, entouré d’abord des Bouddhas puis des Boddhisattvas, des féroces rois guerriers et enfin de gardiens sacrés.
Le Pavillon d’Or n’est pas dans cette liste car je lui ai réservé un article à part entière, de même qu’au Musée international du manga. J’aurais pu aussi parler du temple Higashi Hongan-ji, du temple Chion-in, du sanctuaire Yoshida-jinja, du Kiyomizu-dera, du marché alimentaire de Nishiki, de l’ambiance nocturne dans l’étroite ruelle de Pontocho, de mes balades dans Gion, de mes soirées sur les quais de la rivière Kamogawa, de mes achats dans les galeries Teramachi, du Palais Impérial, du Musée National de Kyoto… Mais je vous laisse vous renseigner sur toutes ces destinations, qui m’ont aussi énormément plue.
J’ai quand même décider de sauter pas mal de visites, question de budget plus que de temps, mais je suis certaine de revenir un de ces quatre sur Kyoto pour compléter mes visites. Je n’ai par exemple pas été au si célèbre temple Kiyomizu-dera, qui surplombe les charmantes petites ruelles de Gion, parce qu’il était en rénovation et que j’avais peur d’être déçue par la vue sur les bâtiments à moitié bâchés. J’aurais aussi voulu aller visiter le musée du Kanji, premier du genre au Japon, situé dans le quartier de Gion, qui offre un enseignement très ludique sur la formation et les origines des caractères chinois qu’on trouve dans la langue japonaise.
J’ai aussi eu la chance d’aller à une superbe exposition d’une collection d’œuvres de Kyosai, peintre du XIXe dont les travaux m’ont passionnée. Pour tous ceux qui s’intéressent aux arts et à la culture japonaise, je vous suggère de vous renseigner sur les expositions et événements qui ont lieu pendant votre séjour car Kyoto est une ville qui regorge d’opportunités dans le genre. Pour ceux qui s’intéressent à la peinture traditionnelle japonaise, allez aussi faire un tour dans les petites galeries d’art des rues de Shimbashi, dans Gion.
Après avoir parcouru une bonne partie de la ville à pied, je vous recommande vivement d’aller vous perdre un peu dans les quartiers résidentiels en-dehors du centre-ville : entre le Tofuku-ji et Fushimi Inari au sud-est, entre le Pavillon d’Or et le Myoshin-ji au nord-ouest ou encore entre le nord de Gion et le Pavillon d’Argent au nord-est. On sort de l’effervescence du centre-ville pour découvrir des ruelles beaucoup plus populaires où les écoliers en uniformes rentrent chez eux pendant la pause déjeuner sur leurs petits vélos, où les facteurs sont quasi les seuls promeneurs que l’on croise et où les géraniums et statues d’animaux sacrés à moitié rongés par la mousse font la singularité de certaines terrasses.
Ma seule déception, et je tenais quand même à en parler, est la « forêt » de bambous d’Arashiyama. Si elle est vendue comme une « forêt » par la plupart des touristes qui en parlent, c’est plutôt à la topologie des guides qu’il faut se fier puisque ça tient plus du chemin ou du bosquet que de la forêt… Quoique, c’est effectivement une forêt de touristes. Le site est complètement pris d’assaut alors que son intérêt réside finalement bien plus dans les petits temples perdus derrière ladite « forêt » et délaissés par les visiteurs que dans les bambous en eux-mêmes. D’ailleurs, si vous voulez voir des bambous tranquilles, il y en a quelques-uns autour du jardin du Honen-in où je n’ai pas croisé un chat.
Ma petite sélection
CCC Le Pavillon d’Or = 400 yen
CCC Le Musée International du Manga = 800 yen
CCC Le Nijo-jo = 600 yen
CCC Le sanctuaire Fushimi Inari = gratuit
CCC Le quartier historique de Gion (Shimbashi et les ruelles de Sannenzaka)
CC Le Pavillon d’Argent = 500 yen
CC Le monastère du Myoshin-ji = gratuit pour rentrer dans l’enceinte, 500 yen pour le Myoshin-ji
CC Le temple Toji = 500 yen
CC Le temple Higashi Hongan-ji = gratuit
CC Le marché alimentaire de Nishiki
CC Balades le long de la rivière Kamogawa
C Le Palais Impérial = gratuit
C Le Musée National de Kyoto = 520 yen pour les adultes, 260 pour les étudiants
C Le quartier de Pontocho
C Les galeries de Teramachi
C La marche de la philosophie = gratuit
C Le jardin du Honen-in = gratuit
C Le temple Chion-in = gratuit
C Le sanctuaire Yasaka-jinja = gratuit
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