Connu au Japon sous son pseudo Beat Takeshi. Monstre sacré de la télévision et du cinéma dans le monde entier.
Journée active en bord de mer à Izumo
J’écris ces lignes installée pour la nuit dans un petit cabanon à même la plage. C’est aujourd’hui que l’aventure, la vraie, a réellement commencé.
Ce matin je suis partie d’Hiroshima et j’ai pris mon premier bus japonais pour un trajet de trois heures : j’ai traversé le pays en large (bon, ce n’est pas comme si le Japon était terriblement large) pour découvrir le côté de Honshu où le soleil se couche. Je suis donc arrivée à Izumo vers 11h, toute enjôlée de déjà retrouver la plage. J’ai déposé les deux tiers de mon paquetage dans un casier à pièces à la gare et suis partie avec un backpack allégé et des provisions pour la journée achetées à la va-vite au convenient store du hall de gare.
Premier accroc : j’ai carrément mal lu la carte à l’arrivée de la gare et j’ai eu la naïveté de croire que le trajet à pied jusqu’à la plage était une promenade de santé. En fait non, il fallait bien compter 2h (et oui, mieux vaut prendre un bus direct à la gare) mais comme je m’en suis rendue compte après avoir déjà erré pendant bien 1h, ça ne valait plus vraiment le coup de faire marche arrière. La ville d’Izumo en elle-même n’a clairement rien d’exceptionnel, c’est une ville de bord de mer posée sur la plaine où il n’y a rien de bien intéressant à découvrir. D’autant plus qu’en suivant la nationale, le trajet n’était pas non plus des plus sympathiques.
Bien déterminée à assumer quand même ma bourde jusqu’au bout, j’ai réuni mes forces et suivi sans plus de détour incongru la direction d’Izumo Taisha, là où les choses sont réellement intéressantes. Mais comme les Japonais sont décidément beaucoup trop gentils, j’ai eu la chance de voir s’arrêter sur le bord de la route un monsieur qui parlait un peu le français et sa mère, qui m’ont spontanément proposé de me déposer en voiture à l’arrivée de la vieille ville.
Et c’est là que j’ai découvert les uns après les autres des sites tous aussi merveilleux. En arrivant à Izumo Taisha (j’ai été déposée à l’arrêt de bus), on se retrouve en face d’une allée verdoyante faite de plusieurs grands toriis qui mènent au sanctuaire qui a donné son nom à l’endroit. C’est ici qu’on retrouve le plus gros des touristes, quoique leur nombre reste très limité, lesquels se dirigent ensuite vers le Senge Kokusokan.
En prenant la première route qui part vers l’Ouest, on finit par tomber nez-à-nez avec l’attraction qui m’avait donné envie de venir jusqu’ici : la plage d’Inasa et son gros rocher posé à même le sable et surmonté d’un torii inatteignable et de son petit temple. Après bien 10 bornes à pied, je peux dire que j’avais bien mérité cette vue et j’en ai profité en dévorant les sushis que j’avais acheté le matin à l’ombre du rocher.
En faisant mes recherches sur les choses à voir dans la région, j’étais tombée sur d’autres sites à voir à Hinomisaki, un tout petit village situé plus au Nord en longeant la côte. Cette fois j’avais mieux préparé mon coup et j’avais estimé qu’il me faudrait 1h30 de marche pour m’y rendre, ce qui m’a été plus ou moins confirmé par un monsieur croisé sur la plage d’Inasa qui m’avait effectivement dit que j’en avais pour 8km (il l’a écrit dans le sable d’ailleurs, parce que je ne parle pas japonais).
Le trajet jusqu’à Hinomisaki longe la côte sans discontinuer, et la vue est juste splendide. J’ai croisé plusieurs bandes de bikers qui avaient l’air de trouver la route aussi impressionnante que moi mais pas un seul piéton ni cycliste. Pourtant c’est largement praticable. Certes, il n’y pas de trottoir pour les piétons, mais la route est bien assez large et les automobilistes ne m’ont pas tenu rigueur d’être là. Au début de la route, on croise quelques tunnels mais ils font tous moins de 400m et on peut aussi contourner le dernier par un chemin piéton, en fait l’ancienne portion de route, qui longe la falaise. Et le spectacle régale.
Même avec un soleil qui tape dur, les embruns de la mer qui me revenaient sur le visage me permettais de rester un peu au frais. Si la balade vous tente, ne comptez pas sur l’ombre, on est presque tout le long face à la mer. Même problème avec l’eau et la nourriture, faites des réserves en amont car il n’y a rien sur la route et pas grand-chose non plus une fois arrivé.
Alors que les panneaux indiquant (enfin) Hinomisaki se font plus nombreux, je commence à apercevoir le sanctuaire du village, peint tout en rouge et blanc, se détacher dans la végétation alentour. Je vois même le phare du village apparaître un peu plus loin. Je suis la direction du Shrine et tombe d’abord sur un parking en face d’un petit restaurant où sont affichés horaires et tarifs des bus jusqu’à Izumotaisha et Izumoshi (la station de train). Le dernier est apparemment à 18h20, il est presque 16h30 donc je n’ai pas vraiment de raison de me presser.
Je commence donc par visiter le sanctuaire, qui n’a l’air fréquenté que presque exclusivement par des locaux. Pourtant il est majestueux et les couleurs chatoyantes me font immédiatement sourire. En continuant après le sanctuaire, on tombe sur les quais du petit port local. Là encore, un énorme rocher se dresse à l’entrée du port surmonté de son petit torii blanc. Une masse impressionnante de mouettes s’y tassent ou le survolent et elles donnent une ambiance tout à fait singulière à l’endroit (elles me font un peu penser aux Oiseaux de Hitchcock mais elles restent de loin).
En montant en direction du village, je passe devant une petite boutique de plongée et son propriétaire, lesquels n’ont pas l’air submergés de clients. Dans le village même, une seule espèce de ruelle commerçante qui s’étale sur un seul bloc de maisons : des vieilles dames y tiennent des boutiques de souvenirs où elles vendent des coquillages sous toutes les formes possibles et imaginables ainsi que des snacks à base de poissons et de crustacés.
Au moment où je pensais l’endroit complètement déserté, je tombe finalement sur quelques petits groupes de deux à quatre touristes qui sont venus prendre le majestueux phare d’Hinomisaki en photo. Peint tout en blanc et haut de plus de 40 mètres, il se dresse à flanc de falaise au bord d’une petite crique en face de laquelle je décide de faire une petite pause, le temps d’évaluer les dégâts au niveau des coups de soleil.
Je redescends le village en longeant d’abord la côte où ont été installés quelques avancements en bois pour faire office de points de vue. Mon départ est accompagné par les cris des mouettes qui piaillent sans discontinuer.
Et le deuxième accroc arrive sur le parking : le magasin où on vendait les tickets de bus a fermé, je doute qu’un autre ramassage soit prévu pour plus tard alors qu’il est seulement 17.40. Tant pis, j’avais prévu de dormir à Izumo Taisha, je peux toujours y arriver avant la nuit, donc je me mets en route. Je me dis que je vais quand même essayer de faire du stop sur le chemin (il faut dire que dans ce sens-là, la seule route mène de toutes façons à la plage Inasa). Coup de bol (ou pas, peut-être que les Japonais sont juste vraiment trop gentils), la première voiture s’arrête : une famille, les parents et leurs trois jeunes fils, me fait monter dans leur gros monospace. Je ne comprends strictement rien à ce qu’ils me demandent mais on arrive quand même à échanger quelques infos : je voyage toute seule, j’ai marché jusqu’ici et je suis française ; ce à quoi ils répondent tous sugoi, sugoi, sugoi !
Mes covoitureurs me déposent sur la plage Inasa où je voulais venir voir le coucher du soleil. Il est encore à peine 18h, je prends donc le temps de m’installer avec un bouquin. Au fur et à mesure que le soleil descend dans le ciel, je vois arriver ce qui formera bientôt un petit comité de photographes, professionnels comme amateurs, venus comme moi capturer LE moment.
Une fois qu’on a tous eu nos photos, chacun repart. En ce qui me concerne, j’ai repéré un petit auvent en bois dans le sable, sur la plage mais à 20 mètres des habitations. Je vais y rester dormir pour la nuit, enroulée dans mon sac de couchage et bientôt dévorée par une armée de moustiques.
Pratique
Izumo, tout comme la région de Shimane en général, n’est pas une destination privilégiée par les touristes étrangers, et j’ai donc dû m’organiser assez sommairement. Pour avoir accès à toutes les activités et sites intéressants de l’endroit, je me suis servie des ressources du site Japan hoppers qui est très bien fait et assez détaillé.
Pour les questions de transport, il faut savoir que les villes côtières des régions de Shimane et Tottori sont reliées par la ligne de train JR San’in, ce qui est quand même vachement pratique. J’avais prévu à la base de commencer un peu plus à l’Ouest par Oda mais ça revenait finalement vachement moins cher de partir d’Hiroshima directement pour Izumo. C’est encore moins cher en bus si vous vous rendez à Matsue sans passer par Izumo, mais l’étape vaut vraiment le coup. Trajet de bus d’Hiroshima JR station (parking des bus sightseeing à la sortie nord) jusqu’à Izumo JR station = 4100 yen ; le premier bus est à 7h55 mais il y en a à peu près toutes les heures ; comptez 3h15 de trajet.
A Izumo, vous arriverez à la station de train principale Izumoshi. De là, vous pouvez prendre un tramway (ce que j’ai fait au retour) jusqu’à Izumo Taisha pour 500 yen par personne (250 pour les enfants). Je pense que Hinomisaki est aussi accessible directement depuis Izumoshi mais je n’ai pas vraiment de détails, j’ai seulement aperçu des pancartes dans le village indiquant des bus jusqu’à la JR station pour 500 yen par personne là encore.
Pour le logement, si vous êtes moins téméraires que moi et que ça ne vous dit rien de passer la nuit dans le sable et sous les étoiles, suivez les liens proposés par le site Japan hoppers qui renvoient directement au site booking.com.
Sur place, tous les sites que j’ai visités étaient gratuits.
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