Doraemon est un chat-robot né le 3 septembre 2112 qui voyage dans le temps pour aider un garçon, Nobita, avec des gadgets sortis de sa poche quadridimensionnelle. Très amusant, il déteste les souris et adore les dorayaki ( crêpe sucrée).
Critique: "Louange de l'ombre", de TANIZAKI Jun'ichirô, de l'esthétique du clair-obscur au Japon
Nouvelle traduction par Patrick Honnoré, que je ne présente plus, et Ryoko Sekiguchi, traductrice et poétesse japonaise, Louange de l'ombre change jusqu'à son titre ; est-ce simplement un choix pour se démarquer de la précédente ? ou bien le sens de louange est-il plus proche sémantiquement, de nos jours, du terme japonais que l'est éloge ? Peut-être un peu des deux. Je ne me permettrai néanmoins pas une comparaison poussée des traductions : je n'ai jamais eu l'occasion que de lire des extraits celle de René Sieffert (que je ne possède pas) d'une part, et je ne pense pas que ce soit à-propos, étant deux approches différentes à des périodes différentes, sans compter que je n'ai pas la capacité de lire le texte original.
De ce que j'ai pu comparer comme extraits, je trouve la nouvelle traduction plus agréable à lire, plus contemporaine peut-être.
L'ouvrage surprendra le néophyte : Tanizaki entame son plaidoyer pour l'ombre avec une pièce qui en répugne plus d'un, les toilettes. Quel lieu nous semblerait, en effet, plus sale que ce lieu que nous désinfectons à qui mieux mieux ? Mais voilà, Tanizaki ne le voit pas vraiment de cet œil et nous invite à considérer autrement ce lieu d'aisance, du moins son pendant japonais.
La comparaison Orient-Occident est très présente, les oppositions franches. Bois et laque contre céramique, délicates pâtisseries japonaises contre les épais gâteaux, coalescence des jades contre nos cailloux précieux brillants de mille feux, architectures s'élevant au ciel contre temples, beauté et élégance des femmes, costumes et maquillages des théâtres...Qui aurait imaginé que les sauces et soupes miso participaient à cette conspiration ?
"Nous trouvons un plaisir infini à cette lumière délicate en provenance de l'extérieur, manifestement frêle, qui vient préserver le peu qui lui reste de vie en s'accrochant à la surface d'un mur dont la couleur n'est qu'un souvenir du crépuscule." (p.55)
Véritable ode au wabi-sabi, à l'élégante torpeur de l'ombre et du translucide, Louange de l'ombre est un incontournable à qui voudra s'imprégner, ou du moins toucher du doigt, un élément fondamental de la culture japonaise. Il est évidemment à nuancer, comme nous l'indique si justement Sekiguchi, car "pour le lecteur japonais, il ressuscite l'univers du clair-obscur comme un monde disparu", moribond déjà dans les années 30, et aujourd'hui est un lointain souvenir, le Japon étant noyé de néons criards qui ne laissent aucun recoin sans lumière.
Quant à l'autre côté du globe, ce concept ne nous est pas inconnu, loin de là : la Renaissance nous a offert le sfumato (Leonardo da Vinci) et le chiaroscuro, le clair-obscur que Le Caravage a mis magnifiquement en valeur au XVIIe siècle. Chaque époque a, en effet, cultivé sa propre culture et idée de la lumière, et de l'ombre.
Louange de l'ombre est un indispensable, non seulement pour le japonisant, mais aussi pour qui s'intéresse à la mésologie, à l'architecture, aux arts en général, aux sciences historiques, tant il sait déplacer et développer le regard du lecteur. La nouvelle traduction est réussie, délicieuse et agréable à parcourir, il serait dommage de passer son chemin.
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Nous, les Orientaux, là où il n'y a rien nous faisons surgir l'ombre et cela crée de la beauté.
Voici enfin proposée une nouvelle traduction du livre fondateur de l'esthétique japonaise du clair-obscur et du presque rien, du subtil et de l'ambigu, opposée au tout blanc ou noir écrasé de lumière rationaliste de l'Occident.
La profonde couleur de la laque, obtenue par accumulation de couches de ténèbres. Le chatoiement de l'or et des rutilants costumes du nô et du kabuki, surgissant de la pénombre et dérobant leur clarté aux lampes à huile. La lumière tout intérieure des pâtisseries traditionnelles qui semblent rêver dans leur assiette. L'architecture de l'apaisement par les matières éteintes, le bois, la paille, contre l'hygiénique céramique.
Rédigé en 1933 dans une langue scintillante d'élégance et d'ironie, ce classique nous parle non pas d'un monde disparu mais de celui que nous voudrions faire advenir : moins de clinquant, plus de beauté modeste et de frugalité.
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