Farouche opposant au shogunat, son obstination et sa position pro-occidentale lui valent d'être exilé en 1859. Considéré comme le dernier samouraï. Une statue de lui et son chien orne le parc d'Ueno à Tokyo.
Critique: "Radio Imagination", de Seikō Itōun, un roman post-tsunami
Radio Imagination est un roman cathartique. Outre le prélat de base, au semblant absurde, où un homme emporté par la vague se retrouve en haut d'un cyprès et émet par l'imagination une radio, on y est progressivement questionné sur la place de chacun en ce monde, sur les perceptions des vivants et des morts, sur les attentes, les désirs et les devoirs des uns et des autres.
Le lecteur le devine rapidement : le narrateur n'est plus de ce monde, mais voilà, en a-t-il conscience ? Il émet sa radio, que d'autres réceptionnent, et ceux-ci y participent, interviennent sur différents sujets, témoignent de leur situation. Morts, eux aussi. Vivants, parfois. Ils ne sont plus de ce monde mais refusent de partir. Dans un état intermédiaire, ils se soutiennent, se parlent, essaient d'apaiser leurs âmes autant que possible. L'imagination est une force vitale, une force qui porte, une force créatrice qui permet l'impossible.
Les chapitres se succèdent sans que l'on puisse se situer dans le temps. Les frontières sont floues. Seul le passage sur les vivants permet de donner une impression de longue durée, mais celle-ci s'estompe au fil des pages. Monologues, dialogues entre morts, dialogues entre vivants et morts, entre vivants... Des deux côtés, il faut s'apaiser et apaiser les âmes. Faire le deuil, avancer, construire malgré tout.
Le roman de Seiko Ito fait partie de ces romans post-tsunami, un de ceux qui ne focalise pas sur la centrale, mais bien sur le changement qui s'est opéré à ce moment, mélangeant poésie, essai philosophique et roman, sublimé par la traduction très fine de Patrick Honnoré. Petite recommandation : ayez quelques morceaux de musique à disposition...
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sommet d’un cyprès. Il semble ne pas savoir si la mort l’a épargné ou si l’état dans lequel il se trouve préfigure un étrange purgatoire. Animateur de radio féru de pop-rock et de rap, cet insolite naufragé tente pourtant d’appréhender la situation. Depuis son perchoir à douze mètres de haut, il convoque ses derniers souvenirs et retrouve ainsi presque naturellement le ton et le rythme de son émission, fondée sur la confidence et la sincérité.
Du bas de l’arbre ou de beaucoup plus loin, des voix s’élèvent et lui répondent. L’émission semble bonne, certains la captent, d’autres non, mais déjà les récits rapportés par les uns font revivre les autres – à moins que l’imaginaire en ces terres dévastées ne soit le seul moyen de penser et de dire, de poursuivre et survivre. Ou plus simplement : d’envisager le présent.
Par ce roman aux cadences de manga, Seikô Itô transcende la sidération et invente une nouvelle façon de dire et de penser la catastrophe, bien au-dessus des discours convenus et des récupérations politiques.
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