Né en 1522, Rikyū est considéré comme la figure historique avec la plus grande influence sur le chanoyu, la cérémonie du thé japonaise. En 1591, Hideyoshi Toyotomi lui ordonne de se suicider pour des raisons mystérieuses.
Critique: "Œuvres 1957-2013", de OE Kenzaburo
Les amateurs de littérature ne seront plus à convaincre : la collection Quarto est une collection de qualité, complète et incroyablement riche. Ce volume, établi et présenté par Antonin Bechler, spécialiste d'Oé Kenzaburo et directeur du département d’études Japonaises de l'Université de Strasbourg, ne fait pas exception. Né en 1935, prix Nobel de littérature en 1994, Oé a traversé de nombreux drames, de la guerre et du décès de son père, la naissance de son fils handicapé, à la catastrophe du Tohoku, drames qui l'ont fortement influencé et dans ses textes et dans ses engagements, dans la défense des plus faibles, de la Nature, face au pouvoir, au nucléaire, à l'absurdité immanente de la vie. On pourrait, en se permettant peut-être une sorte d'hérésie, le comparer à Albert Camus.
Après une longue préface d'Antonin Bachler, une introduction offre une chronologie détaillée, commentée et très complète de la vie d'Oé, vie littéraire, bien sûr, mais aussi vie personnelle, militante. Ensuite viennent les œuvres, présentées dans un ordre chronologique, lui-même divisé en trois périodes clefs, y inclus plusieurs textes inédits en français jusqu'alors. Chaque période, ou presque, possède sa propre préface, toujours par Bechler, qui analyse et remet en contexte les œuvres présentées. Enfin, l'ouvrage est parsemé de photographies de l'auteur, portraits, famille, relations professionnelles.
Trois textes inédits font partie du corpus : Un curieux travail (1957, trad. A. Bechler), Seventeen, suite et fin (1961, trad. A. Bechler), "Un chant du souvenir" (poème, 2013, trad. A. Bechler). La présence de ces trois textes rajoute une valeur intellectuelle importante au recueil, clos par le poème Un chant du souvenir, une ode sans complaisance, à la vie, sa vie, son œuvre, qualifiée à juste titre de "saisissante" par Bechler.
Antonin Bechler, par son travail de présentation, d'analyse, de traduction et de choix de textes et d'images, a su excellemment mettre en valeur la richesse et la complexité des écrits d'Oé, sans omettre, je crois, aucun des thèmes que le Japonais a traité jusqu'alors : marginalité, violence, bestialité, opposition à la ville, révoltes, amertume et désabusement, mutations de la société japonaise... C'est un auteur amer, nihiliste parfois, mais dont les actes militants ouvrent la porte à un cœur humaniste. Cette édition est un indispensable si l'on veut apprécier et prendre toute la mesure de l'oeuvre et de la personnalité d'Oé Kenzaburo.
Contenu 1344 pages et 65 documents. :
Première période : Nous, les enfants de l'enfer (1957-1963).
- Un curieux travail. (inédit)
- Le Faste des morts.
- Gibier d'élevage.
- Tribu bêlante.
- Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants.
- Quelque part ailleurs.
- Seventeen.
- Mort d'un jeune militant. Seventeen, suite et fin. (inédit)
Seconde période : L'homme révolté (1964-1979).
- Une affaire personnelle.
- Notes de Hiroshima.
- le Jeu du siècle.
- Dites-nous comment survivre à notre folie.
- Le Jour où il daignera Lui-même essuyer mes larmes.
- Un "arbre à pluie" intelligent.
Troisième période : Vivre c'est raconter, raconter c'est vivre (1980-2013).
- Une existence tranquille.
- Moi, d'un Japon ambigu.
- Un chant du souvenir. (inédit)
-
Né en 1935 dans un hameau ancestral d'une petite île du Japon encore couverte de forêts, Kenzaburô Ôé appartient à la génération qui subit de plein fouet la capitulation de son pays au terme de la Seconde Guerre mondiale. Quittant son île natale, il s'installe à Tokyo, petit provincial égaré à l'accent incompréhensible, pour étudier la littérature française. Et déjà, il donne ses premiers écrits.
Son parcours personnel singulier est indissociable d'une œuvre d'une ampleur et d'une variété saisissantes où peuvent se lire en filigrane tous les combats, les défis et les contradictions qui ont émaillé l'histoire du Japon, des bombardements atomiques à la catastrophe de Fukushima.
La violente formation nationaliste endurée à l'école, qui dès l'enfance a préparé Ôé à mourir en héros au combat, sacrifié à un empereur divinisé, la mort de son père durant les derniers mois de la guerre, le drame de Hiroshima, la naissance de son fils gravement handicapé sont autant de situations traumatisantes qui nourrissent son œuvre. Il transforme sa propre souffrance en expression de la condition humaine, et s'engage en faveur des minorités, des faibles, de ceux qui cherchent le salut dans un monde absurde, s'opposant au Pouvoir et surtout à l'Atome. Depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, il apparaît plus que jamais comme une conscience mondiale, un défenseur de la Nature en perdition. Le prix Nobel de littérature lui a été décerné en 1994.
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