Connu au Japon sous son pseudo Beat Takeshi. Monstre sacré de la télévision et du cinéma dans le monde entier.
Japan Expo 2016: Sebastian Masuda, l'empereur du kawaii (interview)
Le célèbre artiste et précurseur de la culture « Kawaii » Sebastian MASUDA a réussi à répandre son style unique de la culture japonaise « kawaii » à l’échelle mondiale.
Il est le créateur de la fameuse boutique 6%DOKIDOKI à Harajuku dans la ville de Tokyo, et également depuis 2011 le directeur artistique de Kyary Pamyu Pamyu, l’icône de la chanson pop japonaise devenue célèbre grâce à la créativité sans limite de Sebastian MASUDA. Vous pouvez aussi le retrouver sur la chaîne NHK world dans l'émission Kawaii International dont il est le directeur artistique.
Lors de la Japan Expo 17ème Impact, l’artiste contemporain était présent afin d’introduire son œuvre, la « Time After Time Capsule » : ce projet artistique a été créée en collaboration avec la NHK WORLD TV et invite les gens à s’exprimer à travers la collecte de lettres et d’objets de fans, stockés dans de grandes figurines, afin de partager la passion pour la culture Kawaii. C’est à l’occasion des JO de Tokyo de 2020 que Sebastian MASUDA rassemblera l’ensemble de ces figurines, puis il nous fera découvrir le contenu de ces messages seulement en 2035, alors soyez patients !
DozoDomo : Sebastian MASUDA, vous êtes connu pour être un des précurseurs de la culture « kawaii ». Quelle est votre propre définition du « kawaii »?
Sebastian Masuda : Contrairement à ce que l’on peut penser, le mot « kawaii » ne veut pas seulement dire « mignon ».
Pour moi, c’est avant tout un état d'esprit, une façon d'être : il faut créer son propre univers et s’y sentir bien et heureux. Vous imaginez alors qu’il existe toutes sortes de kawaii ! Personnellement, j'utilise beaucoup de couleurs différentes dans mon univers.
On emploie également le mot kawaii à travers le monde pour définir une mode, une créativité typiquement japonaise. Au Japon, ce mot a beaucoup plus de sens, il a une connotation plus émotionnelle. Par exemple on peut l’employer très facilement pour décrire de la nourriture comme les « ramens » ou les « bentô » pour exprimer des sentiments.
Comment a débuté la culture kawaii ?
Ah c'est une longue histoire ! Par où commencer…
Tout d’abord, j’ai commencé la culture kawaii il y a 20 ans à Harajuku, un des célèbres quartiers de Tokyo. Mais au début ce n'était pas du tout comme ça ! J'ai été très critiqué et moqué par ce style car il ne faisait pas assez sérieux, c’était beaucoup trop enfantin. Dans le début des années 90, la mode était presque en noir et blanc, très carrée et structurée : au final la mode était tout à fait opposée au style de Harajuku.
A travers le monde, cette culture a rencontré un véritable succès notamment sur la côte ouest des États-Unis ainsi qu’à Paris. C'est en partie grâce à la fameuse marque italienne Benetton que cette mode a commencé à se propager. En effet, elle s’est fortement inspirée de cette culture kawaii de Harajuku lors d'une de leur campagne publicitaire, et cela a permis aux occidentaux dans un premier temps de découvrir cet esprit. Il ne faut pas oublier qu’Internet a également joué un grand rôle dans la diffusion de cette culture !
Par ailleurs, il y a une relation particulière entre la France et le Japon, n’est-ce pas ?
Oui, je pense d'ailleurs que c’est grâce aux dessins animés et aux mangas que les français ont également commencé à s’intéresser à la culture japonaise. Personnellement je ne suis pas très manga, mais les jeunes générations ont pu voir certaines images du Japon ainsi qu’une culture différente, qui aujourd’hui les intriguent.
D’ailleurs, que ce soit dans n'importe quel pays, des années 68 de San Francisco aux révolutions de Londres, ce sont les jeunes générations de n’importe quelle époque qui ont créé le changement et donc l'avenir. Pour le Japon, ce sont les jeunes de Harajuku qui diffusent cette énergie.
Pour diffuser le Kawaii vous avez décidé de vous rendre dans différentes villes du monde, quelles ont été vos destinations jusqu’à maintenant ?
Depuis 2008, nous nous sommes rendus dans 25 villes différentes où nous avons réalisé des « Workshops » de mode. Par exemple à Paris c'était à la Bastille. Aux États-Unis, nous nous sommes arrêtés à Los Angeles, San Francisco, New York…
Aujourd'hui, vous nous avez présenté la « Time After Time Capsule » lors de la Japan Expo. Vous souhaitez exposer une mascotte permanente à Paris afin de permettre aux Français de participer à votre projet. Savez-vous à quel endroit vous souhaitez l'établir ?
Ah non malheureusement pas encore, le lieu n'a pas encore été défini !
Quel est votre objectif avec un tel projet?
Je veux pouvoir diffuser cette culture kawaii le plus largement possible, que ce soit aux enfants, mais également aux adultes et même aux plus vieux ! Pour cela, je me sers de cette culture kawaii en tant qu'artiste. Cela permet de cibler un public plus large qui est curieux et intrigué par cet art.
Par exemple, en 2014 lors de mon exposition « Colorful Rebellion » à New York, il y a eu plus de 1000 personnes qui sont venues assister à mon exposition. Je pensais qu'il y aurait beaucoup de personnes habillées de façon très kawaii mais en fait pas du tout ! Ce sont des gens très différents qui se sont rendus à l’exposition, tous habillés de façon très… « normale ». C’est quelque chose qui m'a fait énormément plaisir, car cela démontrait que d'autres personnes pouvaient s'intéresser à cette culture. Je pense qu’une des raisons de ce phénomène c'est peut-être la notoriété des chanteuses telles que Lady Gaga, Nicky Minaj ou Katy Perry, qui s’inspirent et influencent leur style par la culture kawaii.
Vous semblez réellement très attaché à ce projet. Quel est le message que vous souhaitez faire passer à travers cette œuvre ?
En effet, cette œuvre est quelque chose de très personnel. Dans le monde, les gens ont par ailleurs plein de petites choses personnelles et je souhaite rassembler tous ces messages, tous ces rêves pour qu'on puisse créer une forte énergie qui j’espère pourra changer l’avenir : c'était un grand défi pour moi. Pour cela, je vais rassembler toutes mes œuvres qui sont exposées à travers le monde et les empiler lors des JO de Tokyo en 2020 comme pour construire une grande statue de paix.
Encore une fois, j’imagine que réaliser une des finalités de votre œuvre lors des JO de Tokyo à une signification ?
Totalement. C’est connu et reconnu pour être un évènement sportif mais bien sûr ce n'est pas uniquement cela : c'est un évènement qui rassemble au même endroit des cultures différentes. C'est l'occasion de faire connaitre au monde entier la philosophie du kawaii. C’est d’ailleurs pour cela que je réalise cette œuvre à travers le monde et pas uniquement au Japon, car le message que je veux véhiculer c’est de pouvoir unifier sans limite et sans frontière.
Vous souhaitez ouvrir les messages seulement en 2035, pourquoi ?
L’an 2035, c’est dans à peu près 20 ans, et j'ai commencé cette activité de culture kawaii il y a justement 20 ans. Comme je l’expliquais, cette culture était très critiquée, il y avait beaucoup de préjugés. Mais finalement au bout de tant d’années, les mentalités ont quand même évolué et aujourd’hui ce style est beaucoup plus facilement accepté. Personnellement, je trouve que j’ai également changé alors j’imagine que dans 20 ans les esprits et les mœurs auront une fois de plus évolué, alors pourquoi pas ! En 20 ans, il est possible de changer l’avenir et notre vision des choses.
Est-ce que vous avez d’autres projets à venir ?
Pour l’instant je ne peux pas vous le dire précisément. Ce qui est sûr, c’est que je vais continuer ce genre de projet, car la guerre est très intense en ce moment à travers le monde, et je veux vraiment transmettre un message de paix. Si je dois lancer d’autres projets, ils seront dans ce même sens.
Pour finir, avez-vous déjà rédigé votre message à mettre dans la « Time After Time Capsule » ?
Pas encore mais je vais l’écrire en 2020 ! Mais pour moi, ce projet et cette œuvre sont en eux-mêmes mon message de paix.
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