Akita-ken Aomori-ken Iwate-ken Région de Tōhoku

Un weekend onsen et nature dans le Tohoku

C'est le nord

Un weekend ne serait suffire pour découvrir intégralement la deuxième plus grande région du Japon. Boudée jusqu'alors des touristes en recherche permanente de sites célèbres instagrammables, Tohoku peut néanmoins miser sur un patrimoine naturel d'exception. Malgré un déficit d'expérience en matière d'accueil de voyageurs étrangers et des infrastructures pas toujours dans l'ère du temps, le nord du Japon s'éveille doucement mais sûrement au tourisme international et compte bien rattraper son retard en la matière.

A l'occasion de ce voyage, nous avons souhaité mettre l'accent sur les onsen, les célèbres bains thermaux japonais. En un weekend, nous allons visiter et profiter de trois des plus fameuses sources d'eau chaude du pays avec une grande première pour nous, les konyoku, les bains mixtes, spécialité de la région.

Vous pourrez trouver toutes les informations pratiques en cliquant sur ce lien : https://tohoku-toji.com/fr

  • Vendredi - 20h30

    Arrivée à Kitakami, préfecture d'Iwate

    A 2h23 de Shinkansen de Tokyo, la ville de Kitakami sera notre porte d'entrée vers les nombreux onsens de Tohoku. Bon, soyons honnêtes, il n'y a pas grand chose à faire ici et à la nuit tombée l'ambiance est un peu lugubre, et pas seulement parce que l'éclairage public est minimaliste.
    La journée de demain commençant de bonne heure, partons à la recherche d'un restaurant et regagnons la chambre de notre hôtel situé à côté de la gare.

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    Un vendredi soir de novembre, seul à Kitakami, il ne faut pas espérer grand chose. A moins d’aimer les clubs d’hôtesses dont la ville ne manque pas, on sera content de trouver un restaurant qui propose de délicieux ramen. Ceux du soir sont préparés avec une base de miso et sont particulièrement relevés.

    En une petite heure et demie à arpenter les rues des alentours de la gare, je n’ai pas croisé un seul touriste étranger. A vrai dire, je n’ai pas croisé beaucoup de monde du tout. Pour l’ambiance du vendredi soir, on repassera. Tant pis, on se couchera plus tôt pour être frais dès l’aube demain matin.

  • Samedi - 9h

    Namari-onsen (鉛温泉)

    A un peu plus de 30 minutes de route de la gare de Kitakami, la ville d'Osawa-onsen est, comme son nom l'indique, le paradis des amateurs de bains "à la japonaise".
    Nous commençons notre journée de bonne heure pour profiter au maximum de la lumière et du beau soleil qui éclairent les feuilles rouges et jaunes en ce début du mois de novembre.
    Première étape dans l'un des établissements les plus réputés de la région, le Namari Onsen Fujisan Ryokan. Il s'agit d'une auberge traditionnelle où l'on peut passer la nuit mais qui accueille également en journée les personnes qui voudraient profiter des bienfaits de ses bains, et notamment d'un rotenburo (bain en extérieur) situé en bordure de rivière.

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    L’attraction principale du Namari Onsen, c’est le Shirozarunoyu, un bain d’1m25 de profondeur. A 9h le matin, personne ne profitait de l’endroit, ce qui m’a permis de réalisera quelques photos. Le bain est réservé aux hommes dans la journée mais une heure – une seule petite heure – est accessible aux femmes.

    Si les Japonais sont prêts à faire de longs voyages pour de simples bains, c’est bien souvent pour ceux situés en extérieur qu’ils se déplacent. En la matière, le Namari onsen est particulièrement généreux avec un très joli rotenburo situé en bord d’une rivière paisible mais avec quelques rapides qui ajoutent un peu de piment à cette scénographie pleine de poésie.

    Plus d’informations sur l’établissement sur son site officiel : http://namari-onsen.co.jp et sur https://tohoku-toji.com/fr

  • Samedi - 11h

    Osawa-Onsen

    A 15 minutes environ, un autre ryokan célèbre de la ville, le Osawa-onsen Touji-ya, lui aussi situé en bordure de rivière mais dans un site encore plus grandiose. L'établissement composé d'un enchevêtrement de vieilles bâtisses traditionnelles doit notamment sa réputation à son konyoku, son bain qui accueille en même temps hommes et femmes. Nous allons une nouvelle fois nous déshabiller pour "tester" ses bains et profiterons du restaurant de l'établissement pour déjeuner.

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    Le Touji-ya est probablement le ryokan le plus célèbre d’Osawa-onsen. Beaucoup plus grand que le Namari-onsen, il attire donc. beaucoup plus de clients, ce qui, en fonction de ce que l’on recherche, sera un avantage ou un inconvénient.

    A l’occasion de notre visite, nous avons fait la connaissance d’un Français d’une trentaine d’années accompagné de son père japonais. Pour lui, il s’agit de son premier voyage au Japon en 25 ans. De son premier et unique voyage dans la terre de son père lorsqu’il avait 6 ans, il ne se souvient que de son passage dans un onsen. Son père a donc décidé de lui faire goûter de nouveau à cette expérience et a choisi Osawa-onsen pour passer les deux premiers jours de leur séjour. Une preuve s’il en est de la réputation de l’endroit auprès des Japonais.

    Sur la photo du dessus, on aperçoit le konyoku, le bain mixte. Si la nudité est de rigueur, les femmes sont le plus souvent autorisée à garder une serviette ou à revêtir un maillot en présence d’autres hommes. Pour ces derniers en revanche, c’est nu intégral et croyez-moi, femmes ou non aux alentours, ici on ne croise pas les jambes.

    Plus d’informations sur l’établissement sur le site officiel : https://www.oosawaonsen.com/touji/ et sur https://tohoku-toji.com/fr

  • Samedi - 18h

    Sukayu-onsen

    Après avoir quitté Osawa-onsen, retour à Kitakami pour rendre la voiture de location et direction la préfecture d'Aomori tout au nord en Shinkansen.
    Après 1h45 de train, notre périple nous emmène jusqu'à la station champêtre, mais moderne, de Shichinohe-towada. De là, une nouvelle voiture de location nous dirigera vers les sommets de la région et Sukayu-onsen, l'une des "stations-onsen" les plus célèbres du pays.

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    Cette journée interminable va prendre fin et pas n’importe où, au célèbre ryokan de Sukayu-onsen. En hiver, l’établissement se transforme en hôtel de sport d’hiver, la station de ski étant accessible par un téléphérique situé non loin. Les Japonais de passage dans la région ne manqueraient pour rien au monde de faire une halte ici car son bain « aux mille personnes » est connu dans tout le Japon.

    Comme dans tous les ryokan, l’expérience commence par sélectionner le yukata qui ne vous quittera plus d’ici au checkout. Si vous faites plus d’1m80, il faudra pour du triple L !
    La chambre qui m’a été assignée sent bon l’ère Showa et plus précisément les années 50. Si vous avez vu le sublissime film « Voyage à Tokyo » d’Ozu, vous retrouverez ici toute l’ambiance de l’hôtellerie d’autrefois. L’hôtel est en rénovation constante et certaines chambres ont déjà été mises aux standards actuels. Pour ce qui est de la mienne, sa superficie est de 6 tatamis, ce qui est bien assez pour une seule personne. Les toilettes et la salle de bains sont sur la palier. Quant aux futons qui feront office de couchage, ils sont nombreux dans les placards, ce qui me donnera l’occasion de les doubler pour rendre le tout plus douillet.

    Mais pas le temps de tergiverser, à peine le temps de se changer et direction ce fameux bain pouvant accueillir soi-disant 1000 personnes, hommes et femmes… en même temps.

    Les photos m’ont été envoyées par l’établissement et ne reflète pas l’ambiance que j’ai pu trouvé lors de mon passage. Première différences, il fait nuit noire et une épaisse vapeur se dégage des bains si bien qu’on ne voit pas à 10 mètres. De toute façon il n’y a rien à voir. Moi compris, nous sommes quatre, ce qui laisse en théorie de la place pour 996 autres personnes.

    Après 20 minutes à cuire à feu doux dans l’eau trouble, une femme apparait. De loin, je distingue péniblement qu’il s’agit d’une femme d’une quarantaine d’années venue rejoindre ce que j’imagine être son mari. A côté d’elle, deux hommes passent, nus, sans aucune gêne. Elle, ne l’est pas, nue. Elle porte une sorte de maillot, mais de laisser où je suis, difficile de me rendre compte de quoi il s’agit.

    Cette première expérience en bain mixte en ce qui me concerne n’aura au final rien eu de traumatisant. L’histoire aurait peut-être été bien différente si le lieu avait été occupée par des femmes de mon âge.

    Plus d’informations sur l’établissement sur le site officiel : https://www.sukayu.jp et sur https://tohoku-toji.com/fr

  • Samedi - 19h30

    Diner et soirée au ryokan

    La vie dans un ryokan n'a pas grand chose à voir avec la froideur d'un hôtel de chaîne. Ici, tous les clients déambulent dans les couloirs en yukata (sorte de robe de chambre japonaise), passe d'un bar à l'autre et trainent dans les nombreuses salles de repos recouvertes de tatamis.
    Comme partout dans le monde, à la montagne, on dine de bonne heure. N'espérez donc pas être servi après 19h30.

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    Après une journée à me frotter et me délasser dans les bains, je pense que les pores de ma peau resteront ouverts pendant au moins 10 jours. Ce soir, c’est potentiellement le dernier match de la finale du championnat de baseball du Japon. Si vous vivez au Japon et que vous souhaitez un minimum vous intégrer, il vous faut suivre cette compétition pour vous faire des amis masculins. Pour séduire la gente féminine, il faudra davantage vers un triple axel et regarder le patinage.

    Avant toute chose, direction le restaurant.

    Les personnes résidants plusieurs jours au ryokan ont la possibilité de cuisiner en empruntant des casseroles et de la vaisselle. Bien que l’établissement propose deux restaurants, les familles japonaises préfèrent souvent cuisiner leur propre repas et manger dans leur chambre ou regardant la télé.

    Allez, bonne nuit !

  • Dimanche - 8h30

    Bain et promenade matinale

    La nuit a été salvatrice et rien de tel qu'une belle balade matinale autour de l'hôtel accompagné du directeur du ryokan pour découvrir la source qui alimente en eau chaude ses nombreux bains. La neige tombée ces derniers jours a presque complètement fondu mais la température en ce dimanche matin ne dépassait pas les 5 degrés.

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    Pour le petit-déjeuner, c’est comme le dîner, il ne faut pas traîner, 8h30 étant la limite. Riz, soupe miso, poisson grillé, tamagoyaki, il faut avoir le coeur accroché ou aimer mangé salé le matin. Un petit coin « occidental » a néanmoins été préparé avec tartines et confiture.

    Pour ma part, j’ai opté pour un mix sans trop prendre de risque avec du riz, une soupe, une salade de pâtes, du tofu, du yaourt et du pain et de la confiture.

    Dormir à même le sol c’est toujours une expérience intéressante et ce n’est pas ce qui me dérange le plus dans ce type de ryokan. Ce qui me gêne davantage, c’est de devoir se brosser les dents et se débarbouiller dans la salle de bains commune. Chacun ses petits traumatismes me direz-vous.

    Après un énième passage au bain, je sors profiter des extérieurs et de la montagne qui entoure l’établissement en compagnie du directeur de l’hôtel Monsieur Ono, un homme charmant. Il m’emmène à une dizaine de minutes de marche pour découvrir l’origine de l’eau qui a fait la renommée de Sukayu-onsen. Au détour d’un petit chemin menant à l’hôtel plus traditionnel appartenant au même groupe, deux bancs disposés au-dessus de la source semblent nous appeler à nous allonger et réchauffer nos dos.

    Sukayu-onsen est indéniablement un endroit à visiter si vous souhaitez vivre une expérience onsen dans un ryokan authentique loin des circuits touristiques traditionnels.

  • Dimanche - 11h

    Gorges d'Oirase

    Les gorges d'Oirase sont connues de tous au Japon. Régulièrement présentées à la télévision, elles se jettent dans le lac Towada, ce dernier servant de frontière naturelle entre les préfectures d'Aomori et d'Akita. Le site, parc naturel national, est splendide. Il va au fil de notre balade forestière nous réserver de bonnes... et de moins bonnes surprises.

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    Lorsqu’on se déplace au Japon en ces périodes de l’année, c’est souvent pour profiter des superbes couleurs de l’automne. Dans le nord, la saison est plus précoce et selon où l’on se trouve, le débutant du mois de novembre peut déjà être un peu tard pour ce faire.

    Dans les gorges d’Oirase, certains arbres sont déjà déshabillés (pour rester dans le thème du voyage) d’autres ont encore leur manteau rouge ou orange et c’est pour ça qu’en ce dimanche, les routes qui les bordent sont prises d’assaut par les voitures et par les bus de tourisme remplis quasi exclusivement de touristes chinois.

    Les quelques 7 kilomètres qui mènent au lac Towada sont parsemés de rapides, cascades et berges propices à la marche, même si les cars s’arrêtent devant chaque site d’intérêt (pour reprendre la nomenclature des guides de tourisme). Résultat, des kilomètres de balade plutôt tranquilles, et des embouteillages monstres, essentiellement devant les cascades.

    Un bon point de départ pour marcher, le Ishigedo, une grosse pierre autour de laquelle ont été bâtis un parking et un centre d’informations. On y trouve également de quoi se restaurer. En une heure de marche, vous arriverez à la grande cascade Kumoi (雲井の滝). Selon l’emploi du temps de chacun, il peut être bon de faire demi-tour ici pour récupérer sa voiture et se rapprocher de l’autre grande et belle cascade Choshi Otaki (銚子大滝) située 7 kilomètres plus au sud.

  • Dimanche - 13h

    Towadako

    Le lac Towada (十和田湖) n'est autre que le cratère d'un volcan rempli d'eau. Sa profondeur maximale est de 327 mètres. A titre de comparaison, le 12e plus grand lac du Japon est plus vaste que le plus grand lac français, abstraction faite du Léman franco-suisse. Depuis des décennies, le lieu est prisé des touristes japonais qui y viennent passer le weekend dans l'un des nombreux hôtels du site. Aucune grande ville ne borde le lac si bien qu'à la nuit tombée, l'ambiance un brin festive de la journée retombe comme un soufflé. Qu'à cela ne tienne, en ce dimanche plutôt ensoleillé, profitons de cette nature exceptionnelle et respirons à plein poumons.

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    Il n’y a pas foule en ce début novembre. C’est du moins l’impression qui domine en arrivant. En réalité, il y a tout de même du monde, notamment aux abords du sanctuaire, le bien nommé Towada-jinja.

    En passant sous le torii de l’entrée, on entre dans une forêt qui mène à des escaliers desquels on arrive au bâtiment principal, un très joli sanctuaire en bois entouré d’une boutique de souvenirs pour pèlerins et touristes.

    Sur le chemin du retour, en se rapprochant de la rive du lac, on arrive à une étonnante plage où trône la statue de deux jeunes filles, curiosité touristique de la région.

    Towadako, c’est la grande nature japonaise sans le flot de touristes et dans une ambiance là-aussi un brin surannée qui nous fait penser que les lieux ne devaient pas êtres si différents il y a 30 ou 40 ans. Les amateurs de marche y trouveront leur compte et les férus de croisière s’amuseront à embarquer sur l’un des ferrys qui fait le tour du lac.

  • Dimanche - 15h

    Retour à Tokyo

    Il est déjà temps de rentrer à Tokyo et de dire au revoir à cette région vraiment dépaysante et surprenante. Une région où vous pouvez rouler 30 minutes sans croiser une voiture et au retour d’un col de montagne, tomber sur une caravane de cars de touristes venus admirer les feuilles d’automne et se relaxer dans des bains vieux de plusieurs siècles.

    Pour les Japonais, Tohoku c’est la grande campagne coincée entre Tokyo et Hokkaido encore plus au nord. Avec Shikoku, la région est la moins prisée des touristes mais de nombreux efforts sont faits pour modifier cette donne qui ne fait pas honneur à ses richesses culturelles, naturelles et culinaires.

    Tohoku, c’est la Japon d’avant le tourisme de masse et des compagnies low-cost chinoises et sud-asiatiques. Un Japon abordable dans tous les sens du terme.

  • publié le mardi 1 décembre 2020, 0:00 (JST)
    Dernière modification le mardi 1 décembre 2020, 0:52 (JST)
    Cet article a été publié il y a plus de 365 jours. Les informations présentées peuvent ne plus être pertinentes.
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