Pour clôturer ce dossier Light Novel, nous nous sommes entretenus avec Louis-Baptiste Huchez, directeur de collection des éditions OFELBE. Une interview d'un peu moins d'une heure qui nous a permis d'approfondir le sujet du Light Novel et de sa place en France de façon très poussée. Ce genre que Louis-Baptise Huchez qualifie lui-même de "passerelle entre le roman et le mangas" ne devrait plus avoir de secret pour vous... Retour sur le cross-media et son succès, la place du Light Novel en France et son avenir.
DozoDomo : Comment est née l'idée de créer une Maison d'Édition spécialisée dans le Light Novel en France ?
Louis-Baptiste Huchez : Le Light Novel en France a eu un parcours un peu différent de celui qu'il a eu au Japon, et ça faisait un moment lorsque je travaillais pour les éditions OTOTO et que l'on publiait le manga SPICE&WOLF qui est tiré d'un Light Novel, qu'on se demandait comment amener les Light Novel, ces romans japonais en France. Quel serait l'impact sur le public français, est-ce qu'il y aurait un certain succès ?
Mais on s'est vite rendu compte que c'était assez compliqué d'amener un Light Novel sur le marché français, parce qu'on est déjà inondé de romans. Les genres qui marchent le mieux sont les genres Young Adult, qui se rapprochent finalement du Light Novel, et qui viennent des marchés américain ou européen. Amener le Light Novel dans un marché où il y a déjà beaucoup de places prises dans les librairies était compliqué et on savait pas par où commencer pour amener ce nouveau genre.
C'est vraiment avec l'apparition de l'anime Sword Art Online que le mot "Light Novel" et le genre "Light Novel" sont apparus en France, ainsi que de plus en plus de curiosité face à ce genre. Une communauté de fan s'est crée autour du Light Novel et c'est à ce moment-là que nous avons senti que c'était le moment de lancer une maison d'édition spécialisée dans le Light Novel.
On veut tout savoir. Quel est le trajet d'un Light Novel depuis sa version japonaise à la française ? Comment choisissez-vous vos licences ?
Nous faisons beaucoup de salons en France et en Belgique toute l'année, à Paris bien sûr avec Japan Expo mais aussi par exemple à Lyon ou à Toulouse, Marseille... Donc nous sommes en contact direct avec les groupes de fans et c'est vrai que durant ces 5 dernières années nous avons entendu beaucoup plus de demandes, de questions autour du Light Novel. Dans ce marché très jeune et très nouveau, on ne pouvait pas arriver avec un Light Novel qui soit totalement inconnu des fans, il fallait qu'on ait un support de lecteurs pour assurer un minimum d'intérêt et donc les premiers Light Novel qu'on a choisi -Sword Art Online, SPICE&WOLF ou Log Horizon- sont des Light Novel qui ont déjà fonctionné par le biais d'un autre média surtout en anime (par exemple Sword Art Online) ou en manga (SPICE&WOLF) et c'est la première étape pour choisir un Light Novel. Du moins dans nos débuts : avoir une reconnaissance par le public de lecteurs français pour arriver avec un livre qui ait déjà un support et une fanbase.
Comment se passe la traduction et l'adaptation ?
Il y a beaucoup de processus entre le moment où on choisit un Light Novel et le moment où il arrive sur les étals.
Premièrement, on négocie avec les éditeurs japonais pour l'acquisition de la licence. On travaille principalement en ce moment avec Kadokawa Shoten qui est globalement le plus gros acteur du Light Novel au Japon avec environ 80% de parts de marché. Une fois que la licence a été choisie et que nous avons l'accord de nos partenaires japonais nous lançons la traduction, directement du japonais bien sûr. Elle prend entre 1 mois et demi et 2 mois pour un tome japonais.
Le japonais est une langue très différente du français, surtout à l'écrit, et la façon de raconter une histoire et de l'écrire est très codée en France avec la culture du livre : il y a des codes d'écriture à respecter depuis des centaines d'années. On a donc toute une phase d'adaptation qui suit la traduction qui prend elle aussi environ 2 mois. Elle ne consiste pas à réécrire le texte du tout mais à lui permettre de s'adapter aux codes français tout en restant fluide à lire. Elle sert aussi à aider la lecture pour les personnes qui n'ont jamais lu de mangas, afin qu'elles ne soient pas trop perturbées par ce style d'écriture vraiment différent du style français.
Nous publions des Light Novel sous 2 collections, la collection Classique et la collecion Big LN. Dans la collection Classique, on regroupe 2 tomes en 1, et la collection LN ne contient qu'un seul tome. Pourquoi avoir fait ce choix ? Il faut savoir qu'au Japon, le Light Novel est populaire, comme par exemple Sword Art Online dont on a parlé tout à l'heure, et ce sont des séries très longues qui s'étalent sur plusieurs dizaines de volumes. Sword Art Online : 19 volumes en cours, SPICE&WOLF : terminé en 17 volumes...
Des romans si longs, ça n'existe pas vraiment en France et nous avions peur que du côté des placements en librairie ou du côté des lecteurs, cela soit trop pour eux d'avoir tant de volumes à prévoir. Et donc c'est pour cela que le format double nous permet d'avoir un roman qui soit plus proche des romans européens ou américains au niveau de la longueur : un Light Novel, c'est environ 50 000 mots alors qu'un livre européen tourne autour du double. Rassembler deux volumes en un divise par deux la longueur des séries et donc rend moins effrayant le Light Novel pour les nouveaux lecteurs et c'est en partie pour ça que nous avons choisi de faire des formats doubles.
Et à côté de cela, nous avons la collection classique LN qui publie des histoires un peu plus focus autour de l'univers Japon, qui respecte les codes plus proches du mangas et qui va s'orienter vers un public plus proche de la culture japonaise. On a par exemple dans cette collection DURARARA! qui est un Light Novel qui se déroule à Ikebukuro et qui parle beaucoup de mythes autour de cette ville, des histoires de gangs... Ce Light Novel est très japonais dans sa narration, mais on a aussi par exemple Danmachi qui propose des illustrations coquines et se rapproche un peu du Ecchi et qui comme il se rapproche du style manga, a sa place dans cette collection.
Et l'arrivée en librairie ?
Une fois que la traduction et la validation sont faites et que nous avons la validation de nos partenaires japonais qui vérifient que tout est ok au niveau de la fabrication, nous lançons l'impression qui prend environ un mois puis vient le placement en librairie. Comme on le disait tout à l'heure, on essaye de se placer principalement dans les zones romans pour atteindre ce public roman. À la sortie de l'imprimerie jusqu'en boutique, cette distribution prend un mois.
Entre le moment où on récupère les droits pour une licence et le moment où ça sort en librairie, il se passe donc environ 9 à 10 mois, presque un an ! Et bien sûr, on fait tout en parallèle pour sortir plus rapidement les tomes et qu'il ne se passe pas 12 mois entre chaque sortie.
Comment s'est passé l'approche vers les partenaires japonais après le premier échec quelques années plus tôt ? Quelle a été la réaction des éditeurs japonais face à cette nouvelle tentative ?
Alors c'est vrai que les éditeurs ont été un peu refroidi par ce premier accueil en France, des tentatives qui n'avaient pas fonctionné. (ndlr : plus de précisions dans l'article introductif de ce dossier) On est arrivé à un moment où ils souhaitaient vraiment relancer le Light Novel partout dans le monde car le genre explosait au Japon avec Sword Art Online qui venait de sortir et marchait très très bien au Japon. Finalement, eux aussi sentaient que c'était maintenant ou jamais pour le lancer en France ou aux États-Unis, ils sortaient notamment en Pologne et cætera. Nous sommes arrivé avec le soutien des Éditions OTOTO (ndlr : éditeur de mangas affilié à la Maison d'Édition OFELBE) donc nous n'étions pas des têtes inconnues quand nous avons fait cette proposition.
Nous avions déjà leur confiance au niveau de la production, par rapport à ce que nous pouvions réaliser au niveau de la promotion et cætera, donc ils savaient qu'on avait les moyens et les capacités de le faire, on arrivait pas les mains vides ! Et on arrivait aussi avec des études de marché et un plan de lancement pour réhabiliter les Light Novel, les discussions se sont passées très sereinement, ils étaient très enthousiastes à l'idée de relancer le Light Novel en France.
Il y a eu beaucoup de questions sur les réactions du marché français, est-ce que les lecteurs seraient assez intéressés, intrigués par ce format, comment on allait travailler les textes... On leur a proposé ces double formats pour intéresser les lecteurs peu habitués aux Light Novel ou aux mangas, qu'on allait conserver les illustrations -ce qui n'avait pas été fait avant-, on se posait aussi des questions sur les couvertures... Ça a été des dialogues enrichissants des deux côtés, il n'y a pas eu de blocage, on pensait plutôt à aller de l'avant. Les éditeurs japonais et nous-mêmes étions motivés, les deux partis voulaient que ça marche donc ça s'est plutôt bien passé.
Pourquoi avoir décidé de considérer le Light Novel comme un genre à lui seul ? Les autres tentatives ou publications en France les rangeaient dans la même catégorie que les romans traditionnels, mais pas OFELBE.
On essaye de cibler les deux types de lecteurs : fans de mangas et lecteurs de romans.
Le fait est qu'on touche beaucoup plus simplement les lecteurs de mangas, on a moins besoin d'avoir une grosse attention envers ces lecteurs là : ils connaissent déjà le Light Novel, ils étaient déjà intrigués par ce que c'était. On essaye de faire un peu de cross-media avec OTOTO, avec par exemple les mangas Sword Art Online, les mangas SPICE&WOLF, Overlord ou Danmachi... Ce lectorat manga/Light Novel il existe, on a besoin d'eux et on propose des Light Novel pour eux mais pour le moment la fanbase des Light Novel est encore trop petite pour constituer un marché intéressant et c'est vrai que les lecteurs de mangas ne sont pas obligatoirement lecteur de romans. On a beaucoup de retours nous disant qu'ils aiment les mangas mais qu'ils ne vont pas forcément s'intéresser au roman.
À l'inverse, les lecteurs de romans sont déjà habitués au roman et leur proposer quelque chose de différent, c'était un plus ! On s'est rendus compte en faisant notre étude de marché il y a quelques années que le marché Fantasy/Jeunesse était un peu à reculons. Ils avaient du mal à se renouveler avec le marché américain ou européen : les histoires tournaient un peu en rond, le Young Adult avait du mal à rebondir après des succès comme Harry Potter ou Twilight qui avaient très bien fonctionné.
Il y avait un petit peu un déclin, un ralentissement, on a pensé que c'était le moment de proposer quelque chose de nouveau, de jouer à fond la carte littérature jeunesse du Japon avec tout un univers, des histoires, des personnages que vous n'avez jamais vu encore pour essayer de relancer un petit peu ce marché Young Adult et proposer de la nouveauté là où il n'y en avait plus depuis un certain temps.
C'est pour ça qu'on s'est un peu plus focus sur ce marché grand public pour avoir des méthodes aguerries et pour éviter de s'enfermer dans le mangas, on voulait vraiment ouvrir le Light Novel à tous et le proposer à tout le monde. On savait que si on mettait le Light Novel en rayon mangas, jamais le public roman ne viendrait chercher des romans au rayon manga. Alors qu'à l'inverse, en roman on sait qu'avec notre communication et le public manga, il allait venir chercher le Light Novel dans ce rayon. C'est plus faire un pas vers ce nouveau public sans se détacher de nos racines plutôt que de leur fermer la porte.
Une pensée personnelle, mais j'ai toujours eu l'impression que le public BD/manga et roman ne se croisait jamais comme si il y avait une limite infranchissable entre les deux...
Oui, il y a encore énormément d'apriori et là où on est très fier, c'est qu'on a eu beaucoup de retours de lecteurs exclusifs de mangas qui nous ont dit "J'ai lu vos Light Novel, je n'avais pas lu de roman depuis le collège et je reprends goût à la lecture", c'est vraiment sympa à entendre, on se dit qu'on a fait quelque chose.
Où êtes-vous rangés dans les rayons en France ?
Les librairies font ce qu'elle veulent, on ne peut que donner un conseil. On est généralement rangé en rayon Young Adult (12-17 ans), le lectorat Jeunesse est encore un peu trop jeune (8-12 ans). Mais par exemple, Overlord sera plutôt rangé en rayon Fantasy de par son côte adulte. On a beaucoup de librairies qui nous placent en deux rayons : roman et mangas. D'autre part, le classement chez des grandes enseignes sera plus rigide, ils écouteront les conseils donnés. Mais le rayon Light Novel commence à voir son espace de plus en plus grandir...
Vous êtes d'ailleurs le seul éditeur dédié au genre, une pensée sur ce fait ? D'autres éditeurs sortent des Light Novel mais sans les rattacher à leur genre d'origine....
Par exemple, Pika sort des Light Novel Attack on Titan en s'appuyant sur son succès en tant que produit dérivé de la série. Mais c'est très difficile de se lancer dans le roman maintenant et les éditeurs sont un peu frileux. D'abord, le marché n'est pas si intéressant que ça en termes de revenu. On l'a dit, la fanbase est assez petite, les lecteurs de romans sont intéressés mais c'est plus une curiosité, et le marché est encore très jeune, ça fait un peu plus de 2 ans à peine qu'on existe.
Les éditeurs observent ça d'un œil intrigué, et je pense que beaucoup voudraient se lancer dans le Light Novel mais ils se rendent compte que le marché n'est pas si fort que ça donc est-ce que ça vaut le coup ? Je pense qu'ils voient la difficulté de traduire un Light Novel japonais pour se conformer aux standards, et ce style narratif très particulier qu'il faut réussir à transmettre pour pouvoir sortir un roman. Et donc cette difficulté de sortir des Light Novel et d'être suffisamment fort pour toucher tous les publics, je pense qu'elle fait peur à ces éditeurs qui sont peut-être intéressés pour se lancer mais sont un peu trop frileux...
Dernier point, c'est vrai que nous OFELBE nous avons lancé des grosses licences comme Sword Art Online, Re: Zero, Overlord, Danmachi... Du coup comme on est les seuls sur le marché, on a pu récupérer ces grosses licences à fort potentiel auprès des fans et c'est aussi compliqué pour un éditeur maintenant de lancer une nouvelle collection de Light Novel sans un support de grosse licence.
Quel est la part du Light Novel en France, parmi les romans, parmi les mangas ? Pensez-vous que le genre est en expansion ou a déjà atteint son public ?
Bien sûr, ce marché est en expansion. On est au tout début de l'exploitation des Light Novel.... En termes de chiffres, les grosses ventes seront les Light Novel de Sword Art Online. Le 1er exemplaire s'est vendu à plus de 20 000 tomes, et globalement sur la licence on est à environ 50 000 ventes sur tous les tomes sortis, le 6ème sortant en septembre. Mais il faut considérer que Sword Art Online est un peu un ovni sur le marché car la licence est tellement forte, qu'elle fait plus de ventes qu'un Light Novel moyen. Nous avons d'autres succès comme SPICE&WOLF, Danmachi, mais ce sont des ventes beaucoup plus faibles que Sword Art Online.
L'arrivée de Re:Zero au catalogue s'annonce aussi comme un succès ?
Re:Zero fait partie de ces licences avec un anime, un manga... Un tout qui va fédérer le public : en faisant des recherches sur l'anime qu'il aime il va se demander qu'est-ce qu'un Light Novel, ça existe en France ? C'est ce genre de série qui nous permet de développer encore plus le marché.
Pour l'instant, nous avons mis en place une dizaine de titres, et on va profiter de cette année pour ralentir l'acquisition de nouvelles licences et se concentrer sur la communication autour du Light Novel et des titres déjà en place pour les remettre en avant, elles sont également très longues donc il faut continuer la promotion pour les maintenir sur la durée.
Si l'amateur de mangas en vient aux Light Novel et donc au roman, est-ce que l'inverse existe aussi ?
L'inverse existe mais en moindre mesure, parce que le manga est un genre de lecture totalement différent du roman. Et si on est lecteur de roman à la base et qu'on a déjà essayé le manga, les bandes dessinés ou les comics américains sans apprécier c'est peut-être qu'on a pas forcément accroché à ce genre de littérature. À ces personnes-là, on cherche plus à faire découvrir l'univers du mangas et l'univers du Japon via un format qui leur plaît. Bien sûr, on a quand même des retour de personnes qui découvrent le Light Novel, se rendent compte que c'est tiré d'un manga et que si ils avaient des aprioris sur le mangas, peut-être que tout m'est pas à jeter dedans car les personnages ou l'histoire étaient intéressants... On a des retours à ce niveau-là mais on n'a pas vraiment fait d'étude sur le sujet.
Et la force d'Ofelbe c'est aussi de proposer des genres très différents...
C'est la force du Light Novel ! Il existe beaucoup de genres différents, en ce moment c'est surtout les isekai (異世界), les autres mondes qui fonctionnent ! On en a même quelques uns dans notre collection mais c'est un genre qui a une grande place sur le marché parce qu'il fonctionne bien au Japon en ce moment. La grande force du Light Novel c'est qu'on a l'impression que l'imaginaire japonais est plus libéré que ce que l'on peut trouver aux États-Unis ou en Europe. Il y a une grande liberté d'expression et tout peut être raconté. Quand on voit certains titres japonais comme "Je me suis réincarné en machine à sous" ou "Je suis devenu un onsen", c'est totalement loufoque et très japonais et ce sont des petites histoires que l'on ne peut pas retrouver dans la littérature américaine ou européenne...
Plus qu'un genre le Light Novel est finalement un support...
Nous n'avons pas encore parlé du format mais il est très particulier, les livres sont au format 3/4 poche...
Oui ça m'a beaucoup surpris lorsque j'en ai acheté un pour comparer !
Alors pourquoi faire ce choix de taille en France ? Il y a trois raisons : le placement en librairie, on ne voulait pas arriver sur du format petit en nouveauté car on serait arrivé en poche (ndlr : format surtout utilisé pour les rééditions en France), il nous fallait arriver dans les nouveautés et avoir un visuel plus accrocheur. Deuxième point, s'adapter aux lecteurs de romans classiques et troisièmement la pagination : en japonais le format marche très bien pour l'écriture japonais mais le portage aurait été impossible et on se serait retrouvé avec des tout petits livres avec un très grand nombre de pages. On a donc préféré garder le format classique.
De ce que j'ai pu voir dans mes recherches, les lecteurs japonais et français de Light Novel ne sont pas les même, la stratégie d'approche semble elle aussi différente. Comment vous êtes-vous adaptés au marché français ?
Première différence, le Light Novel est un genre inexistant en France et bien installé au Japon. Il a fallu aussi s'appuyer sur des licences reconnues avec une fanbase et qui ont donc fonctionné au Japon pour sortir un produit de qualité.
Les attentes également ne sont pas du tout les mêmes. En France, il y a une très grande culture autour de la littérature et du roman depuis des centaines d'années avec des codes qu'il faut respecter, notamment celles de l'Académie Française. Un roman qui ne respecte pas ses règles est vraiment choquant à lire.
On est aussi habitués à un style d'histoire qui dans les Light Novel est bien différent. C'est pour ça que l'on a crée ces deux types de collection, avec des styles de narration proches de ce que l'on connaît pour la première et une autre collection qui amène quelque chose de différent, une nouvelle littérature pour les personnes qui veulent découvrir un autre genre.
Par exemple, le Light Novel DURARARA! est très particulier avec une construction un peu à la Tarantino en toile d'araignées avec beaucoup de personnages différents qui se rencontrent, se quittent, se rejoignent... Un scénario qui met en scène plein de personnages différents où tout s'entremêle. De la même façon, la façon dont l'histoire s'écrit dans des chat où tout s’entremêlent dans des points de vue à la première ou troisième personne est très originale. C'est un style que les lecteurs n'ont pas l'habitude de découvrir et soit ils vont adorer soit ça va les repousser et il ne va pas accrocher. On peut ainsi proposer des choses bien différentes de ce que le lecteur attend ou connaît.
Le cross-media semble avoir de l'avenir, de plus en plus de jeux ou romans s'exportent en multi-plateforme. Dans quelle stratégie s'engage OFELBE en France dans ce contexte, êtes-vous partenaires avec les éditeurs mangas, anime ou figurines ?
On est très proche de OTOTO et on essaye de sortir des mangas et des Light Novel ensemble comme avec Sword Art Online ou Danmachi par exemple. On essaye de jouer la carte cross-media entre ces deux supports, donc on fait de la communication dans les mangas sur les LN et inversement. Pareil pour les réseaux sociaux, on essaye de partager et fusionner manga et Light Novel. C'est un peu évident car on est la même structure mais on a aussi des partenariats avec les plateformes de diffusion de Simulkast.
Selon les licences que l'on obtient, nous avons des partenariats avec Crunchyroll, ADN et Crunchanime qui sont les trois grands acteurs en France de diffusion simulcast anime. On essaye aussi de communiquer en partenariat avec ces plateformes, de jouer ce côté cross-media dès que l'on peut. On a également des jeux vidéo comme par exemple sur la licence Sword Art Online, nous sommes en contact avec eux pour travailler ensemble et communiquer avec eux. C'est dans une moindre mesure qu'au Japon où le cross-media est poussé au summum, mais nous faisons ce que nous pouvons ici. Les moyens mis en œuvre au Japon sont bien plus importants que ce que l'on peut faire avec le marché français, mais on essaye de mettre en place le même type de stratégie.
En recherchant le sujet, je suis tombée sur des sites de traductions illégales... Quel est votre avis sur la question ?
Lorsque nous avons lancé nos premières Light Novel, il y avait déjà des traductions sur internet de SPICE&WOLF par exemple. On a pas forcément de problème avec ces traductions amateur, mais on a contacté ses personnes pour leur dire qu'on allait sortir les versions officielles en France en leur demandant de les retirer. On a eu un très bon contact avec eux, ils ont accepté de retirer et étaient très content de voir les LN arriver en France à ce moment-là. Et d'un commun accord, ils arrêtaient les traductions en cours de nos licences et lorsque l'on annonçait de nouvelles licences, ils ne publiaient plus les traductions amateur. Mais lire des romans en traduction amateur, c'est beaucoup plus compliqué que de lire un manga en scantrad ou regarder un anime illégalement, il faut le vouloir et il y a une vraie démarche. C'est long, la mise en page n'est pas forcément excellente, la traduction est pas de meilleure qualité... On ne fait pas la chasse aux sorcières sur ces traductions de Light Novel et on a de bonnes relations avec ses personnes qui ont fait les premières traductions et n'hésitent pas à nous faire de la promotion. Mais ces traductions permettent aussi quelque part de faire la promotion de ce genre méconnu...
Une petite exclusivité sur la prochaine licence à nous glisser...?
Sur les titres de fin d'année, tout a été annoncé, je peux vous parler de My Teen Romantic Comedy qui sortira en Octobre, un nouveau tome de Sword Art Online est très attendu car il aborde un arc totalement inédit même en mangas ou en anime, Re; Zero continue avec les tomes 2 et 3... Comme on l'a dit avant, on se concentre sur les licences mises en place et on ralentit un peu sur les nouveaux titres.
Ce que je peux vous dire, fin 2017 il y aura une annonce pour 2018 que je ne peux pas dévoiler mais qui est une licence qui va faire plaisir à beaucoup de fans et aux néophytes aussi... C'est un titre qui a beaucoup de potentiel et c'est un cadeau que l'on fait à tous les fans de Light Novel de la première heure qui attendait avec impatience le retour des Light Novel en France. C'est une nouvelle qui fera beaucoup plaisir.
(ndlr: Malgré mes tentatives de soudoiement, rien n'y a fait je n'ai pas pu savoir.)
Un grand merci aux Éditions Ofelbe pour leur patience et leur grande aide dans la construction de ce dossier, pour en savoir plus sur la Maison d'Édition et cette mystérieuse annonce rendez-vous sur leur site officiel, leur page Facebook, Instagram ou Twitter. Moi, je retourne à ma lecture...
Mon parapluie retourné par le vent - jours d'incertitude
Sur l’archipel où cohabitent 127 millions de personnes, 100 millions de parapluies sont vendus chaque année, notamment ces fameux parapluies transparents, et à usage unique, disponibles à très bas prix dans des distributeurs automatiques.
En France, Environ 12 millions de parapluies sont vendus chaque année. Plus de 10 millions d'entre eux finissent dans nos poubelles et dans la filière de gestion des déchets.
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