Actrice star des drama et de la pub.
Ashimoto, les portraits de pieds tokyoïtes de César Ordóñez
Avant tout propos, il est important de préciser que ce projet n’est pas du tout lié aux chaussures ou à la mode. Dans sa série “Ashimoto”, le photographe César Ordóñez laisse les souliers révéler la personnalité des femmes qui les portent.
Styles modernes et urbains ou plus traditionnels, dévoilant des chaussettes hautes, des talons hauts ou ne laissant apparaitre qu’une partie du pied sous une robe à fleurs, les photographies présentées ici sont bien plus éclectiques qu’une série de visage, tant chacune invite à deviner l’âge, la classe sociale, le caractère de la femme en question mais aussi le moment, son emploi du temps lors de la prise de vue.
Dépeindre la féminité
Les photographies suggèrent bien plus que ce qu'elles montrent, et montrent juste ce qu'il faut pour pouvoir les compléter avec l'imagination. Une caractéristique qui les relie encore plus à la culture japonaise ; dans lequel, ce qui n'est pas vu ou dit est généralement plus important que ce qui est montré ou exprimé.
"Ashimoto", entre autres significations, peut se traduire par « autour des pieds ». Il peut désigner uniquement le pied, mais aussi la jambe dans son ensemble, ou juste une partie du pied qui se dévoile à travers les plis d'un kimono. Ce terme polysémique japonais est utilisé de manière volontairement ambiguë par l’artiste. Il permet de multiplier les interprétations.
"Ashimoto" invite aussi à questionner l'acte de représenter, en laissant le visage hors du cadre, et en focalisant l'attention sur une partie du corps ou ses gestes, qui peuvent fournir la même information sur le "représenté" personne.
« Un portrait doit-il nécessairement montrer le visage ? Si une photographie ne montre qu'une partie du corps, est-ce pas encore un portrait ? Qu'est-ce que le visage a de si spécial ? Dans de nombreux cas, une tout autre partie du corps peut nous en dire autant que le visage, voire plus. »
Que se passe-t-il lorsque la zone censée être la plus importante est délibérément laissée hors champ ? Implicitement, nous créons un intérêt supplémentaire pour le spectateur.
« Je me suis inspiré de Tokyo et des filles japonaises. La métonymie était mon langage visuel ; l'intimité comme leitmotiv. Dans cette série de photographies de pieds et de jambes de femmes, j'ai choisi une autre façon de représenter les gens. Montrer la partie pour le tout. Les spectateurs devront compléter par leur imaginaire ces portraits qui, paradoxalement, véhiculent une profonde intimité (bien qu'ils aient été réalisés dans des lieux publics). »
Toutes les œuvres de ce projet sont le résultat de rencontres fortuites dans les rues de Tokyo. Dans cette série, il y a des photos volées (prises sans autorisation) et aussi des photos autorisées. Mais dans les deux cas, César Ordóñez préfère les définir comme des « photographies trouvées ».
« Toutes les femmes qui ont participé à ce projet, toujours par rencontre fortuite dans la rue, l'ont fait avec altruisme. Et bien que certaines des filles "représentées" savaient qu'elles étaient photographiées, aucune scène n'avait été préparée ou construite à l'avance. L'intuition et le respect le seul guide valable pour sa création. »
Tokyo
Ces photos amènent aussi le public à envisager le décor de manière singulière, « ce projet interroge la notion d’intimité et le respect de notre “espace privé” » dans une mégalopole aussi vibrante et tentaculaire que Tokyo.
Selon César Ordóñez, la mégalopole japonaise est un sujet caché de cette série, un scénario composé de couches infinies qui interagissent et coexistent dans la mégalopole japonaise ; de son harmonie hétéroclite, fragile et complexe, le reflet de ces innombrables couches qui se chevauchent et interagissent les unes avec les autres dans l'environnement urbain.
Pour en voir plus sur le travail de César Ordóñez et sa série Ashimoto (2007-2013), rendez-vous sur son site web.
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