Suite à une série de tragédies, la mort subite de son père par un cancer du sang, un accident critique dont elle a été victime la laissant aux portes de la mort, le tremblement de terre et le tsunami dévastateurs de Tohoku qui ont frappé le Japon en 2011, l’ont laissé sans envie de vivre. Yukari Chikura se souvient comment son père est venu la voir dans un rêve, lui demandant d’aller au village caché dans la neige où il a vécu il y a longtemps.
Dans le nord-est du Japon, ses songes l’ont conduit sur les traces d’un pèlerinage mystique, un héritage vieux de 1300 ans. Yukari Chikura y a participé plusieurs années de suite. Le voyage a été d’une grande aide pour la photographe japonaise. Et l'œuvre qu'elle en a tirée est spectaculaire, d’une beauté incroyable, emplie de poésie, emprunte de mystère et de spiritualité.
Traditions et spiritualités
Ces cultures particulières, préservées et transmises de génération en génération grâce à de nombreux sacrifices, étaient vouées à disparaître. Et pourtant, quel que soit le nombre d'épreuves qu'ils ont dû et doivent endurer, il y a encore des gens prêts à les protéger.
Yukari Chikura espère qu’avec ce témoignage de leur dévouement et de leur spiritualité, elle a réussi à exprimer son respect et sa gratitude envers les villageois qui lui ont ouvert les portes de leurs maisons et qui lui ont permis de retrouver un sens à la vie.
Le second jour de chaque nouvelle année, bien avant l’aube, les habitants de Ōsato, Azukizawa, Nagamine et Taninai, quatre communautés locales se rassemblent pour pratiquer "Zaido", un rituel dédié aux dieux protecteurs. Un pèlerinage, dans la brume et la neige, dans l’obscurité, s’engage vers les sites sacrés où sept danses rituelles — gongen-mai, koma-mai, uhen-mai, tori-mai, godaison-mai, kosho-mai, et dengaku-mai — sont exécutées pour se purifier et implorer la bonne fortune durant cette nouvelle année.
La lune est encore dans le ciel du petit matin. Les crêtes des montagnes sont couvertes de brouillard. Leurs petits pas entraînent ces enfants pour une longue marche à travers des routes enneigées et froides. La température atteint parfois -20 ° C.Petits et grands participent aux festivités en portant différents costumes et masques durant les cérémonies rituelles. Les valeurs qui doivent être transmises sont la diversité culturelle des communautés ainsi que le lien indéfectible entre les générations. C'est là que réside la clé de la longévité du rituel.
Dans le rituel du "Zaido", ceux qui pratiquent cette danse sacrée et qui la dédient aux dieux sont appelés Noshu. De nombreux règles strictes leur sont imposées, une pratique appelée Shojinkessai. Ils doivent se purifier en s'abstenant de la viande d'un animal qui marche sur quatre pattes. Durant ces périodes d'ascétisme religieux, il est également interdit aux Noshu de dormir avec leurs femmes. Certains Noshu continuent même Shojinkessai durant 48 jours.
Dans le cadre du rituel de purification, le mizugori est une cérémonie d’ablutions à l'eau froide. La tâche est difficile à endurer alors que les températures avoisinent les -20 degrés Celsius. . La tradition est toujours préservée dans certains village.
"Zaido", également connu sous le nom de « danse du jour important », serait né au début du VIIIe siècle lorsque la cour du palais impérial est venue à Hachimantai dans la préfecture d'Akita. Après le déclin du soutien de l'État aux complexes de temples shintoïstes, les artistes de la cour chassés ont trouvé un foyer dans la petite communauté, enseignant leur art aux locaux. C’est grâce à ce genre d’union improbable que les danses traditionnelles japonaises bugaku, autrefois spectacle du palais impérial, aujourd'hui inscrites au Patrimoine culturel immatériel, ont aussi pu être préservées.
Cet enfant boit de l'eau d'un chōzuya (également connu sous le nom de temizu, le pavillon d'ablution destiné au rite de purification cérémoniel shintoïste). Il y a quelques années, ce même enfant a été sauvé par une mère qui l'a vu enterré dans la neige tombée du toit du sanctuaire.Avant de se lancer dans le Kanate-mai, les danseurs s’inclinent face aux divinités mythiques.
Dans un paysage mystique que l'on croirait sorti d'un autre monde, dans une région connue pour ses fortes chutes de neige, se cache le Taiyo-sha, un sanctuaire, dédié à Amaterasu, la déesse du soleil.Godaison-mai. Les deux artistes portant les masques dorés sont Oobakase et Kobakase. Le chant que Oobakase entonne est transmis oralement de génération en génération. Aujourd’hui, c’est une version modernisée qui est chantée par les interprètes. Il y a longtemps de cela, les véritables paroles ont été perdues avec la mort soudaine d'un Oobakase.Ce casque utilisé pour le komamai (danse du cheval), qui est exécuté par le noshu du village d'Oosato. Il aurait été le prototype de ce qui est actuellement utilisé dans tout le pays pour la soi-disant «danse du cheval». On dit que le casque possède des pouvoirs divins qui rendent son porteur aussi courageux et sauvage qu'un cheval sauvage.Tori-mai (danse de l'oiseau) interprété par les enfants d'Oosato. Trois danseurs portent des couronnes, symbolisant un oiseau mâle, femelle et jeune. L'«oiseau mâle» tient une cloche dans sa main droite, et tous dansent, tout en tenant des éventails.Aujourd’hui, pratiquer le Shojinkessai est très difficile. Le rituel ancestral a fait face à de nombreux défis pour sa survie à travers l'histoire, des incendies, le vol d'artefacts et le manque de successeurs en raison du faible taux de natalité.« Cet escalier est si long que l’on ne sait pas jusqu'où il peut aller. Vous ne sauriez pas si vous montez ou descendez. Où mène-t-il ? Dans le passé ou dans le futur ? C'est peut-être un chemin qui va et vient entre ce monde et le prochain. Quand j'ai vu l'escalier, j'ai eu l'impression que si je montais au bout de celui-ci, je pourrais rencontrer mon défunt père. »
Yukari Chikura, est née à Tokyo. Après avoir obtenu un diplôme en musique, et travaillé dans l’informatique, aujourd’hui l’artiste japonaise redécouvre le monde sous un oeil nouveau, un appareil photo à la main. Elle collabore avec de nombreuses publications dont le New York Times. Certains de ses projets sont conservés dans la Bibliothèque nationale de France (BNF).
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Très intéressant article ! Et découverte plus approfondie de cette culture exceptionnelle !
Merci
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