Ancienne idole et chanteuse. Actrice star des dramas et de la pub. Mariée à Hiro du groupe EXILE.
The Garden of Words: Beau mais tellement fade
Cet article peut comporter des éléments dévoilant l'intrigue du film.
Takao Akizuki, 15 ans, n’est pas un lycéen comme les autres. Il rêve de devenir, un jour, créateur de chaussures. Depuis la rentrée, les matins de pluie, il ne se rend pas en classe et préfère se promener dans le jardin japonais du Shinjuku gyoen, dessiner à l’abri sous un belvédère au bord du lac, son refuge préféré, pour méditer sur l'avenir, tenter de mettre de la distance entre lui et les événements inconfortables qu'il rencontre actuellement.Ses parents ont divorcé, sa mère part s’installer chez un homme bien plus jeune qu’elle, et son frère se prépare à déménager avec sa petite amie.
C'est lors d'un matin comme ceux-ci qu'il croisera Yukari Yukino, une jeune femme plus âgée que lui. Il n'a aucune idée des bouleversements qui vont accompagner cette fortuite première rencontre.
À la dérive dans ce monde qui ne leur convient pas, entre les gouttes d'eau, dans cet oasis de calme au milieu de la tempête, loin du monde réel, vont s'épanouir avec le temps et au fil des tête-à-tête, des sentiments …
Mais la saison des pluies touche à sa fin, et il y a encore tant de choses à découvrir l’un de l’autre.
Proche de la perfection.
Avec Garden of Words, produit par sa société d'animation Comix Wave, Makoto Shinkai nous propose un travail technique prodigieux. Le réalisateur nous offre des compositions photographiques soignées et un éclairage d’une qualité irréprochable, une animation sans faille, un cadrage cinématographique et une esthétique époustouflante avec ce parc luxuriant, en plein coeur de Tokyo, un théâtre visuel romantique, cadre propice à la poésie.
Si proche et pourtant... si loin!
Contrairement aux citations visibles et affichées fièrement par Kazé dans la bande annonce, une quelconque comparaison entre Makoto Shinkai et l’un de ses plus illustres contemporains est tout simplement absurde.
Aussi parfait soit ce travail visuel, il ne peut à lui seul sauver The garden of Words. «Le film» est une démonstration de force d’un savoir-faire technique impressionnant, et ne «vaut» le détour que pour cette seule et unique raison.
Me cacher à tous et n'exister que pour toi.
Au-delà de toutes réserves morales, l'histoire est crédible au vu des circonstances. Les deux personnages désabusés, réunis par le destin, le hasard, trouvent une certaine forme de réconfort dans l'autre, développent des sentiments avec le temps par l’intermédiaire d’un intérêt commun, la passion de Takao pour le travail de cordonnier et qui semble rendre admirative la jeune femme. Tomber amoureux d’un professeur est courant et l’on a déjà vu plus effrayant au niveau de la différence d’âge.
Parfois, l’animation semble en suspension dévoilant les bagages émotionnels qui relient les deux protagonistes. La structure de l'intrigue laisse une grande place aux moments de solitude suggérant à quel point ils ont besoin l’un de l’autre. Ce qui est surtout vrai pour l'immature Yukari qui, par certains aspects moralement répréhensibles, manipule le jeune Takao et les circonstances qui l’ont amenée à fréquenter ce parc ne semble pas lui avoir donné matière à réfléchir.
Avec la bande annonce diffusée au printemps 2013, j’avais eu l'infime espoir que Makoto Shinkai ait fait des progrès ou qu’il ait trouvé de l’aide pour parfaire l’organisation de ses idées mais l’écriture de ce film laisse tout simplement à désirer. The Garden of Words est une histoire "d’amour" sans substance, comme un arc en ciel, lumineux et attirant mais irréel. Je n’y ai pas cru un seul instant.
J'irai Pleurer Sous La Pluie
L’amitié ou cet ersatz d’amour dicté par la météo résume sans doute assez bien la vision du monde de Shinkai. Les histoires d’amour doivent être développées autour d’évènements, des obstacles, des adversaires, la distance ou la nostalgie, qui rendent son évolution chaotique et tragique. Ce sont des thèmes chéris par Shinkai que l’on retrouve dans toutes ses productions.
Cette barrière artificiellement créée est, dans ce film, juste frustrante. Le développement de la romance bien trop rapide et organisé autour de trop nombreuses ellipses donnent une impression de vide. La progression des sentiments qui relient Takao et Yukari explose de façon caricaturale, comme dans un dessin animé pour enfants.
Durant ces rendez-vous impromptus, il ne se passe rien, ils ne se disent rien. N’allez pas me dire que c’est dû à la culture japonaise, où les gens sont moins ouverts sur leurs sentiments.
3 mois plus tard...Dernier raccourci temporel et non des moindres.
Les déclarations finales, les pleurs, les émotions à leurs apogées, la résolution de l'histoire et sa conclusion arrivent comme tout le reste, de manière abrupte et grotesque. Je n’ai jamais ressenti cet impact qui est censé nous réveiller.
Et les morceaux choisis pour la bande son, ne jouant pas le rôle qui leur est dévolu, ne m’ont pas aidé à rester connecté. Je n’y ai vu qu’une supplication forcée et mal exécutée. «Balancez l'arc-en-ciel, sortez les violons. Pleure cher public, c’est à ce moment précis que tu dois pleurer. Magnifique! Et... Coupez !»
Terriblement circonspect jusqu'à la conclusion de l’histoire et à en croire tous les textes élogieux complimentant ce Makoto Shinkai, j’ai clairement eu le sentiment de n’avoir rien compris mais surtout d’être devenu, sans m'en rendre compte, insensible au point de n'éprouver aucune empathie pour ce couple.
Ou peut-être suis-je simplement blasé ? Devrais je remettre en question mes rares certitudes, redéfinir les éléments et caractéristiques que je pensais convenir à dépeindre ma personnalité ?
J’ai tout de même visionné ce film plusieurs fois et cela a été une perte de temps, sans précèdent, confirmant ma première impression. Toutes mes excuses. Je suis resté indifférent à cette insipide romance.
The Garden of Words de Makoto Shinkai (46 minutes, crédits inclus) est sorti en DVD et Blu-ray, en France, chez Kaze, depuis janvier 2014. Les bonus sont des entrevues avec le réalisateur et des seiyū dont la durée totale dépasse celle du film.
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